Wednesday, May 23, 2012

De la maternelle à l’université, l’enseignement en grève en Espagne

“Notre éducation est l'avenir de nos enfants”, “l’éducation est un droit, pas un business”, “Non à la brutale augmentation des droits universitaires”. “Pour une éducation publique, laïque et de qualité”... Dans 14 régions espagnoles, des manifestations ont été organisées, mardi 22 mai, contre les coupes budgétaires qui affectent l’enseignement cette année.

Pour la première fois, tous les niveaux scolaires sont concernés par l’appel à la grève. De la maternelle à l’université en passant par les collèges et lycées, ce sont plus de six millions d’élèves et leurs parents et 600 000 professeurs qui sont appelés à manifester leur colère contre "une attaque contre l’État-providence", contre "l'avenir des prochaines générations" et la "justice sociale que garantit l'éducation laïque et gratuite".
A Barcelone, les manifestations ont rassemblé cet après-midi sous l’œil vigilant d'un fort dispositif policier près de 150 000 personnes selon les syndicats, 25 000 selon les autorités. A Madrid, la manifestation devait débuté à 18h30.
En moyenne, les syndicats estiment que le suivi de la grève est de 80% (contre 19% selon le gouvernement) et expliquent ce succès en rappelant qu’il s’agit d’une “grève sociale, non pas professionnelle, bien qu’il y ait aussi des raisons pour cela.” Une allusion à la baisse de salaires des enseignants, qui ne fait pas partie des motifs d'organisation de la grève pour ne pas en faire une manifestation corporative.
Ce que critiquent les enseignants, les parents d’élèves et les étudiants est la dégradation des conditions d’éducation. L’augmentation des heures de cours impartis par les professeurs, l’augmentation du nombre d’élèves par classe, la hausse des droits universitaires de 50% mais aussi l’ambiance qui règne dans les collèges. Tout le monde se souvient de ces images de jeunes élèves qui assistaient aux classes munis de couverture en février dernier, parce que certains établissements n’avaient pas de quoi payer le chauffage.
Depuis, le gouvernement a certes réglé le problème du chauffage en avançant des fonds aux régions pour qu’elles paient les prestataires de services. Mais il a aussi lancé un plan qui prévoit trois milliards d’euros d’économies cette année avec, en théorie, des mesures que peuvent ou non appliquer les régions autonomes, qui détiennent la compétence en la matière. Dans la pratique, la majorité d'entre elles étant gouvernées par les conservateurs du Parti populaire, comme le gouvernement central, elles n'ont pas tardé à les faire leurs. Les autres régions n'ont guère d'autre choix que de suivre le mouvement afin de réduire leur déficit public au niveau exigé par Madrid et éviter que l’État prenne la main sur leur finances publiques.
“La réforme de l’éducation porte atteinte à la logique de la compétitivité, c’est un désinvestissement dans l'avenir et cela porte atteinte à l’accès universel à l’éducation et à la justice sociale”, critique le recteur de la faculté d’économie de Valence, Vicent Soler.
Le Parti socialiste estime que les dernières mesures d’économies dans l’enseignement supprimeront 40 000 emplois, principalement de professeurs intérimaires mais aussi des professionnels chargés d’activités extra-scolaires, réduites à peau de chagrin, tandis que les syndicats estiment que 100 000 emplois seront détruits. Au Congrès des députés, plusieurs élus, dont ceux de la Gauche unie (écolos-communistes) portaient mardi les tee-shirts verts symboles de la défense de l'éducation.
Entre 2010 et 2015, selon le quotidien El Pais, le poids de l’investissement public dans l’enseignement aura été réduit de 4,9% à 3,9% du produit intérieur brut (PIB), alors que l’Espagne est déjà en dessous de la moyenne européenne dans ce domaine. Son taux d'échec scolaire, lui, est le double de la moyenne européenne : 26%.

Source : www.lemonde.fr

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