"Insuffisant", "grande déception",
"occasion ratée" : après le sommet du G8, les organisations non gouvernementales
se montrent très critiques face aux nouvelles initiatives des pays riches pour
développer l'agriculture en Afrique et lutter contre la faim dans le monde.
Mais en dehors de cette initiative, le G8 n'a pas annoncé de
nouveaux budgets consacrés à la lutte contre la faim dans le monde, comme il
l'avait fait en 2009 lors du sommet de L'Aquila (Italie). A ce moment-là, les
pays industrialisés, qui avaient déploré que "le nombre de personnes
souffrant de la faim et de la pauvreté dépasse le milliard", s'étaient
engagés à mobiliser 20 milliards de dollars sur trois ans.
DES MESURES "TRÈS TIMIDES"
"On est extrêmement déçus et alarmés car il aurait
fallu au minimum que le G8 reprenne les mêmes engagements qu'à L'Aquila et il
n'y a rien eu", s'inquiète Sébastien Fourmy d'Oxfam France. "Ces
mesures sont très timides et pas à la hauteur des enjeux. On aurait eu besoin de
nouveaux engagements puisque l'an dernier il y a eu la famine dans la Corne de
l'Afrique et cette année c'est le Sahel qui est touché", renchérit
Friederike Röder de One, l'ONG cofondée par le chanteur irlandais Bono.
Pour Katie Campbell d'ActionAid le G8 "a offert des
paroles chaleureuses" sans "promettre ne serait-ce que le maintien
des engagements financiers". Par ailleurs, la plupart des associations
caritatives jugent que l'investissement privé peut être un levier pour le
domaine agricole mais ne peut toutefois pas être le seul appui. "On a
l'impression que l'investissement privé se fait en remplacement des
investissements publics, or ces derniers sont essentiels pour soutenir les
plans nationaux agricoles et l'agriculture paysanne", estime M. Fourmy.
ABSENCE DE LA MALNUTRITION INFANTILE DANS LE DÉBAT
Les ONG regrettent également que les entreprises associées à
la nouvelle initiative du G8 soient principalement d'importantes sociétés
chimiques et des entreprises de semences. De plus, le projet de "nouvelle
ambition" est "assez flou et il semble impossible d'atteindre les
objectifs avec seulement quelques pays concernés", ajoute Mme Röder. Et le
G8 semble avoir exclu toute réflexion sur les petits producteurs et notamment
le problème des femmes, rouage essentiel de l'agriculture en Afrique,
ajoute-t-elle.
Dans leurs déclarations, les pays riches ont également fait
l'impasse sur la lutte contre la malnutrition alors que beaucoup d'ONG
espéraient que cette problématique fût mentionnée. Pour l'association Save The
Children, la malnutrition infantile touche un quart des enfants dans le monde
dans les premières années de leur vie et "si aucune action d'envergure
n'est entreprise, un demi-milliard d'enfants connaîtront des retards de
croissance et de développement mental dans les 15 prochaines années",
selon Michael Klosson.
La malnutrition coûte entre 20 et 30 milliards de dollars
chaque année à l'économie mondiale et plusieurs points de croissance en moins
pour les pays concernés, selon les ONG. Début mai, le directeur général de la
FAO, le Brésilien José Graziano da Silva, a lancé un cri d'alarme pour dénoncer
la pénurie importante de fonds pour les activités planifiées par son
organisation dans la Corne de l'Afrique et au Sahel.
Source : http://www.lemonde.fr
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