Wednesday, May 23, 2012

Selon les ONG, le sommet du G8 est une "occasion ratée" dans la lutte contre la faim


"Insuffisant", "grande déception", "occasion ratée" : après le sommet du G8, les organisations non gouvernementales se montrent très critiques face aux nouvelles initiatives des pays riches pour développer l'agriculture en Afrique et lutter contre la faim dans le monde.
Les Etats du G8 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada, Russie) se sont engagés ce week-end au sommet de Camp David (Etats-Unis) à sortir 50 millions de personnes de la pauvreté d'ici à 10 ans grâce à une initiative baptisée "Nouvelle alliance". Ce plan implique largement le secteur privé et se déroulera dans quelques pays tests pour commencer.

Mais en dehors de cette initiative, le G8 n'a pas annoncé de nouveaux budgets consacrés à la lutte contre la faim dans le monde, comme il l'avait fait en 2009 lors du sommet de L'Aquila (Italie). A ce moment-là, les pays industrialisés, qui avaient déploré que "le nombre de personnes souffrant de la faim et de la pauvreté dépasse le milliard", s'étaient engagés à mobiliser 20 milliards de dollars sur trois ans.

DES MESURES "TRÈS TIMIDES"

"On est extrêmement déçus et alarmés car il aurait fallu au minimum que le G8 reprenne les mêmes engagements qu'à L'Aquila et il n'y a rien eu", s'inquiète Sébastien Fourmy d'Oxfam France. "Ces mesures sont très timides et pas à la hauteur des enjeux. On aurait eu besoin de nouveaux engagements puisque l'an dernier il y a eu la famine dans la Corne de l'Afrique et cette année c'est le Sahel qui est touché", renchérit Friederike Röder de One, l'ONG cofondée par le chanteur irlandais Bono.

Pour Katie Campbell d'ActionAid le G8 "a offert des paroles chaleureuses" sans "promettre ne serait-ce que le maintien des engagements financiers". Par ailleurs, la plupart des associations caritatives jugent que l'investissement privé peut être un levier pour le domaine agricole mais ne peut toutefois pas être le seul appui. "On a l'impression que l'investissement privé se fait en remplacement des investissements publics, or ces derniers sont essentiels pour soutenir les plans nationaux agricoles et l'agriculture paysanne", estime M. Fourmy.

ABSENCE DE LA MALNUTRITION INFANTILE DANS LE DÉBAT

Les ONG regrettent également que les entreprises associées à la nouvelle initiative du G8 soient principalement d'importantes sociétés chimiques et des entreprises de semences. De plus, le projet de "nouvelle ambition" est "assez flou et il semble impossible d'atteindre les objectifs avec seulement quelques pays concernés", ajoute Mme Röder. Et le G8 semble avoir exclu toute réflexion sur les petits producteurs et notamment le problème des femmes, rouage essentiel de l'agriculture en Afrique, ajoute-t-elle.

Dans leurs déclarations, les pays riches ont également fait l'impasse sur la lutte contre la malnutrition alors que beaucoup d'ONG espéraient que cette problématique fût mentionnée. Pour l'association Save The Children, la malnutrition infantile touche un quart des enfants dans le monde dans les premières années de leur vie et "si aucune action d'envergure n'est entreprise, un demi-milliard d'enfants connaîtront des retards de croissance et de développement mental dans les 15 prochaines années", selon Michael Klosson.

La malnutrition coûte entre 20 et 30 milliards de dollars chaque année à l'économie mondiale et plusieurs points de croissance en moins pour les pays concernés, selon les ONG. Début mai, le directeur général de la FAO, le Brésilien José Graziano da Silva, a lancé un cri d'alarme pour dénoncer la pénurie importante de fonds pour les activités planifiées par son organisation dans la Corne de l'Afrique et au Sahel.

Source : http://www.lemonde.fr
 

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