Le militant bahreïni Abdel Hadi Al-Khawaja, condamné à la
perpétuité pour complot, a réclamé, mardi 22 mai, sa libération lors de sa
première comparution devant un tribunal depuis le début de sa grève de la faim
il y a plus de trois mois.
"Il n'y a aucune justification légale pour mon maintien
en prison", a dénoncé M. Khawaja, en chemise blanche et pantalon noir,
devant la cour d'appel de Manama, où il a comparu en même temps que 12 de ses
codétenus, jugés dans la même affaire. Au terme d'une audience de plus de trois
heures, marquée par l'intervention de M. Khawaja et d'un autre condamné à la
perpétuité, Abdelwahab Hussein, chef du groupe chiite Wafa, qui a renouvelé
mardi son appel à "un régime républicain" à Bahreïn, la cour a
renvoyé l'affaire au 29 mai.
"MON TRAITEMENT ÉTAIT VIOLENT ET HUMILIANT"
Outre les avocats de la défense, des membres des familles
des prisonniers et des diplomates occidentaux ont assisté à l'audience, qui
s'est déroulée dans le calme et qui a été entourée de strictes mesures de
sécurité. Très ému, M. Khawaja a raconté "les abus", "les humiliations"
et "le harcèlement sexuel" qu'il affirme avoir subis depuis son
arrestation en avril 2011, après la répression en mars d'un mouvement de
protestations anti-régime dans la foulée du printemps arabe.
"Mon traitement était violent et humiliant", a
résumé l'homme, qui s'est présenté comme un défenseur des droits de l'homme
"sans appartenance à une association politique". "Dans cette
affaire, je suis la victime", a-t-il ajouté en dénonçant sa détention
comme "un crime". "Je ne vois aucun intérêt à la poursuite de
mon jugement", a-t-il ajouté, expliquant qu'il était "prêt à
sacrifier sa vie pour réclamer sa libération" en observant sa grève de la
faim.
Il a averti le gouvernement qu'il serait "responsable
du risque encouru dans les prochains jours" des suites de la grève de la
faim qu'il observe depuis cent quatre jours. M. Khawaja, qui est resté des
semaines sous observation médicale dans un hôpital militaire, a indiqué avoir
été reconduit en prison la semaine dernière "après avoir été alimenté de
force". L'hospitalisation du militant chiite, qui détient aussi la
nationalité danoise, avait suscité l'inquiétude d'organisations de défense des
droits de l'homme et de chancelleries étrangères.
CONDAMNATIONS POUR COMPLOT CONTRE LE RÉGIME
Lors d'une réunion, lundi à Genève, du Conseil des droits de
l'homme de l'ONU, plusieurs pays ont demandé de nouveau à Manama de libérer
tous les prisonniers politiques, dont M. Khawaja. Zainab Al-Khawaja, la fille
aînée du militant, est également poursuivie par la justice bahreïnie. Son
procès pour "attroupement" sur la voie publique a été reporté au 27
mai pour permettre la présence des témoins de la défense, selon une source
judiciaire.
En juin 2011, un tribunal d'exception avait condamné M.
Khawaja et 20 autres opposants, dont sept jugés par contumace, pour complot
contre le régime. Sept ont été condamnés à la perpétuité et les autres à des
peines allant de deux à quinze ans de prison. Le 30 avril, la Cour de cassation
a ordonné un nouveau procès en appel. L'un des opposants, condamné à deux ans
de prison, a été libéré après que sa peine eut été réduite à six mois par la
Cour de cassation.
Le premier procès s'était déroulé après un mois de
protestations de chiites, majoritaires à Bahreïn, demandant une véritable
monarchie constitutionnelle dans ce petit royaume dirigé par une dynastie
sunnite. Tous les appels d'organisations de défense des droits de l'homme pour
libérer M. Khawaja sont restés sans réponse. Un autre militant bahreïni des
droits de l'homme, Nabil Rajab, jugé pour "appel et participation à une
manifestation non autorisée", doit comparaître de nouveau le 28 mai, selon
une source judiciaire.
Source : http://www.lemonde.fr
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