Thursday, May 24, 2012

Amnesty fustige «l'impunité» dont jouit Bush

Amnesty International a publié mercredi son rapport annuel. L'ONG s'est notamment alarmée de «l'impunité» dont jouissent selon elle les anciens responsables de l'administration Bush, et elle s'interroge sur la mort de Ben Laden.

Dans son rapport annuel 2011, l'organisation fustige le gouvernement canadien pour son «incapacité à arrêter l'ancien président américain George W. Bush quand il était en visite en Colombie britannique, en dépit des preuves attestant de sa responsabilité dans des infractions de droit international, comme la torture».
«Personne n'a été reconnu responsable pour les violations des droits de l'homme commises sous l'administration Bush» dans le cadre du programme de la CIA de détention secrète et de transfert des détenus, ajoute Amnesty, regrettant «l'impunité» dont bénéficient aux Etats-Unis les dirigeants de l'ancienne administration républicaine.
L'organisation dénonce aussi «l'usage excessif de la force» sur le territoire des Etats-Unis, mais aussi au Yémen ou au Pakistan dans la lutte antiterroriste américaine. Elle demande en particulier que les autorités américaines s'expliquent sur la mort d'Oussama ben Laden, le 1er mai 2011 à Abbottabab au Pakistan.
«L'administration américaine a dit clairement que l'opération avait été menée selon la théorie américaine d'un conflit mondial armé entre les Etats-Unis et Al-Qaïda dans laquelle Washington ne reconnaît pas la législation internationale sur les droits de l'homme», écrit Amnesty.
«En l'absence de plus de clarifications des autorités américaines, la mort d'Ousama ben Laden apparaîtrait illégale», ajoute l'organisation, qui dit ne pas avoir reçu non plus de réponse de Washington, fin 2011, à ses demandes d'explication sur la mort d'Anwar al-Aulaqi et de Samir Khan en septembre au Yémen. Amnesty craint que ces morts ne s'apparentent à des «exécutions extrajudiciaires».

Crimes contre l'humanité
Dans un autre volet de son rapport, l'organisation de défense des droits de l'Homme a aussi accusé le régime du président syrien Bachar al-Assad d'actes pouvant constituer des crimes contre l'humanité.
L'ONG détaille la façon dont les troupes ont déployé leurs chars dans des quartiers résidentiels en Syrie, ont tué des manifestants pacifiques et emprisonné des milliers d'autres, torturés et détenus au secret.
«Le type et l'échelle des violations pratiquées par l’État pourrait constituer des crimes contre l'humanité», juge l'ONG.
Le rapport cite plusieurs exemples, notamment celui d'un homme non identifié à Banias (ouest), détenu pendant trois jours, frappé, déshabillé et obligé à «lécher son propre sang sur le sol».

Demande liée à la CPI
A Homs (centre), poursuit le rapport, «le corps de Tarek Ziad Abd al-Qader, arrêté le 29 avril (2011), a été rendu à sa famille en juin, portant notamment des brûlures à l'électricité ainsi que «des traces visiblement causées par des coups de fouet et de couteaux, et une partie de ses cheveux avaient été arrachés».
Amnesty dénonce également la tentative du régime d'écraser la contestation, citant le cas du pianiste Malek Jandali, installé aux Etats-Unis, et dont les parents «ont été frappés dans leur maison à Homs» après que leur fils a manifesté contre le régime aux Etats- Unis.
Et cette répression n'épargne pas les enfants selon Amnesty qui cite le cas de Mohammed al-Moulaa Issa, 14 ans, originaire de Deir Ezzor (est) et abattu par balles par les forces de sécurité parce qu'il refusait de participer à une manifestation pro-régime.
Alors que Damas a récemment refusé de donner un rapport au Comité contre la torture de l'ONU, Amnesty dénonce par ailleurs l'attitude du pouvoir qui «n'a pas mené d'enquêtes indépendantes sur les assassinats illégaux, les tortures et les autres violations graves des droits de l'Homme». Et elle demande que le dossier du président Bachar al-Assad soit déféré devant la Cour pénale internationale (CPI).

Accusation lancée
Le Conseil de sécurité de l'ONU n'est pas parvenu à se montrer à la hauteur du «courage» et s'avère «de plus en plus inadapté aux besoins», souligne l'ONG.
Elle pointe encore du doigt la Russie, fournisseur d'armes à la Syrie, et la Chine, qui ont bloqué deux résolutions condamnant la répression menée par le régime de Bachar al-Assad. Mais également l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud.
Amnesty juge par ailleurs insuffisante la série de réformes lancées par Bachar al-Assad en 2011 pour tenter de répondre à la contestation inédite dans le pays.
Dans son rapport, l'ONG accuse aussi l'armée birmane de «crimes contre l'humanité» ou de «crimes de guerre».
«Le gouvernement a mis en place des réformes politiques et économiques limitées, mais les violations des droits de l'Homme et les violations du droit international dans les zones des minorités ethniques ont augmenté» en 2011, a dénoncé l'organisation.

Milliers de déplacés évoqués
Dans l'Etat Kachin, dans l'extrême nord de la Birmanie, où des combats font rage depuis près d'un an, il y a eu des témoignages d'exécutions extrajudiciaires, de bombardements aveugles ayant provoqué le décès d'enfants, de travail forcé et de destruction illégale de biens et de nourriture, a ajouté le rapport.
Dans l’État Shan voisin, des civils ont été torturés et détenus arbitrairement, a encore assuré Amnesty. Des violences sexuelles sont également évoquées dans ces deux États.
L'organisation a par ailleurs accusé les autorités de bloquer l'aide humanitaire destinée aux dizaines de milliers de personnes déplacées par les combats. L'ONG a également dénoncé la violation «régulière» de la liberté d'expression en Russie en 2011, les attaques visant des journalistes et des défenseurs des droits de l'Homme et les entraves aux manifestations pacifiques.

Source : http://www.24heures.ch

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