Thursday, October 18, 2012

La nouvelle Libye savoure la liberté

La nouvelle Libye a fait un grand pas vers la démocratie en organisant ses premières élections libres, mais l’incapacité des autorités à rétablir la sécurité devant la montée de l’extrémisme et la prolifération de milices retarde la construction des institutions de l’État.
Conflits tribaux, revendications sociales ou régionales : depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, les nouvelles autorités ne savent plus où donner de la tête.

Dépassées par la recrudescence des violences, elles n’ont eu aucun répit pour se pencher sur la reconstruction du pays dévasté par un conflit de huit mois.

Ce ne sont pourtant pas les moyens qui manquent : avec la reprise rapide de la production pétrolière qui a atteint presque son niveau d’avant le conflit de 2011, ce riche pays pétrolier disposait en 2012 d’un budget de 56 milliards de dollars, le plus élevé de son histoire.

Mais Mouammar Kadhafi a laissé derrière lui un lourd héritage : un pays dépourvu d’institutions, une armée marginalisée et ses fidèles accusés d’oeuvrer à entraver le processus démocratique en Libye.

Le nouveau premier ministre, Ali Zeidan, prépare la composition de son gouvernement qu’il doit soumettre dans deux semaines pour approbation au Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique du pays issue des élections du 7 juillet.

Élu dimanche, M. Zeidan devrait succéder à Abdelrahim al-Kib, dont le gouvernement a conduit une première période de transition mouvementée, mais qui a le mérite d’avoir organisé le premier scrutin libre du pays. Ce fut alors une étape importante dans l’histoire de la Libye qui a permis aux Libyens de savourer la démocratie et la liberté d’expression après des décennies de tyrannie, tout en songeant à la sécurité et à la primauté de la loi.

« La Libye a réussi le premier test de la démocratie en élisant une assemblée nationale après plus de 42 ans de totalitarisme », estime l’analyste libyen Nasser al-Daessy, soulignant toutefois l’urgence d’un consensus national pour la mise en place des institutions, la création d’une armée et la rédaction d’une Constitution.

Le gouvernement sortant a échoué à réactiver les services de sécurité et à y intégrer les ex-rebelles devenus un casse-tête pour les autorités.

Par ailleurs, l’attaque contre le consulat américain à Benghazi, le 11 septembre, a illustré la montée en puissance des groupes islamistes radicaux qui oeuvrent en toute liberté notamment à l’est du pays.

Un ancien responsable des postes diplomatiques américains en Libye s’est par ailleurs inquiété d’une présence croissante du réseau terroriste al-Qaïda en Libye devant une commission d’enquête du Congrès consacrée à l’attaque de Benghazi.

Le nouveau gouvernement doit aussi se pencher sur la réactivation de la justice, sur fond de critiques des organisations internationales de défense de droits de la personne qui dénoncent des actes de tortures et des arrestations arbitraires menées par les ex-rebelles en toute impunité.

Ces critiques avaient déjà commencé à pleuvoir dans la foulée de la mort de Kadhafi, exécuté sommairement, et de son fils Moatassim, après avoir été arrêtés vivants, selon plusieurs témoignages.

Les autorités libyennes avaient alors annoncé l’ouverture d’une enquête, dont les résultats n’ont jamais été rendus publics.

La détention de Saïf al-Islam, un des fils de Kadhafi, par une brigade à Zenten depuis son arrestation en novembre 2011 est aussi une source de préoccupation pour la communauté internationale, Tripoli insistant pour le juger malgré un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour des crimes contre l’humanité.

Les nouvelles autorités doivent aussi s’attaquer au dossier de la réconciliation nationale au moment où les conflits tribaux risquent de plonger le pays dans la guerre civile et de leur faire oublier leur principale mission : rédiger une Constitution qui régira les prochaines élections prévues dans un an.

Source : http://www.ledevoir.com

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