Tuesday, August 14, 2012

Urgence humanitaire en Iran après un double séisme meurtrier

Après la recherche des survivants, l'heure est à l'urgence humanitaire dans le nord-ouest de l'Iran, frappé par deux violents séismes, samedi 11 août dans l'après-midi. 
Les secours ont mis fin aux opérations de déblaiement : "Dimanche, à 6 heures du matin, nous avons eu l'assurance qu'il n'y avait plus de corps et de survivants sous les décombres", a expliqué, lundi matin, le responsable de la cellule de crise du ministère de l'intérieur, Hossein Ghadami, devant les parlementaires.
D'après le dernier bilan communiqué par la ministre iranienne de la santé, Marzieh Vahid Dastjerdi, 306 morts et 3 037 blessés ont été extraits des ruines. Ce bilan pourrait encore s'alourdir, selon les autorités, car de nombreux blessés se trouvent dans un état critique. La majorité des victimes sont des femmes et des enfants : à cette heure de la journée, la plupart des hommes travaillaient dans les champs.
Les secousses de magnitude 6,3 et 6,4 ont touché, à quelques minutes d'intervalle, la région rurale et montagneuse de Varzeghan, Ahar et Héris, dans la province iranienne de l'Azerbaïdjan oriental. L'éloignement d'une partie de ces villages, extrêmement difficiles d'accès, complique l'acheminement des secours.

PLUS DE 16 000 SINISTRÉS
"La moitié des 600 villages de la zone ont été détruits de 40 % à 100 %", a déclaré le ministre de l'intérieur, Mostapha Mohammad Najar, à la télévision d'Etat. Plus de 16 000 sinistrés se sont regroupés dans des camps de fortune ou ont dormi dans la rue, alors que quelque 80 répliques ont secoué la région au cours du week-end.
"Nous nous attelons maintenant à assurer les besoins en hébergement et en nourriture des survivants", a expliqué M. Najar : 8 700 tentes, 11 900 couvertures, de l'eau et des dizaines de milliers de paquets de nourriture ont déjà été distribués par le Croissant-Rouge iranien, selon son président, Abdolhossein Faghih.
L'Iran a refusé les propositions d'aide adressées par plusieurs pays, parmi lesquels figurent les Etats-Unis, avec lesquels Téhéran n'entretient plus de relations diplomatiques. "Nous disposons de suffisamment d'hommes et de moyens ; nous n'avons pas besoin d'aide étrangère", a justifié M. Faghih.
Au-delà des hébergements d'urgence, l'Iran envisage déjà la reconstruction. Le gouvernement s'est engagé à accorder à chaque famille 20 millions de rials (1 330 euros) d'aide sans contrepartie et un prêt à faible taux de 120 millions de rials. "Nous sommes prêts à accorder ces facilités pour la construction de 20 000 maisons en dur" dans la région, a assuré M. Ghadami.
Selon le ministre de l'intérieur, ces nouvelles habitations devront respecter les normes antisismiques. Car si les bâtiments des centres urbains, construits solidement, semblent avoir relativement bien résisté, les maisons des villages, bâties pour la plupart en parpaings, en briques ou en terre sans connaissance des techniques antisismiques, se sont largement effondrées.

LA QUALITÉ DES BÂTIMENTS EN QUESTION
"Avec le poids des plafonds, les victimes n'ont eu aucune chance", a expliqué le responsable de la cellule de crise du ministère de l'intérieur. "Nulle part ailleurs dans le monde, un séisme de magnitude 6 ne tuerait autant de monde", a réagi un sismologue iranien, Bahram Akasheh, mettant lui aussi en cause la qualité des constructions.
Pas sûr pourtant que toutes les maisons puissent être reconstruites dans les règles de l'art, alors que les habitants vont livrer une course contre la montre pour terminer les travaux avant l'arrivée des grands froids.
Le renforcement des règles antisismiques est un enjeu majeur en Iran. Le pays est situé sur l'une des zones les plus sismiquement actives du globe, au point de convergence de plusieurs plaques tectoniques. En 2003, un séisme de magnitude 6,6 avait tué près de 30 000 personnes dans la ville de Bam, au sud-est du pays. Selon le sismologue Bahram Akasheh, l'Iran doit se préparer à ce que la capitale, Téhéran, subisse un jour un tremblement de terre de magnitude 7.

Source : http://www.lemonde.fr

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