Après chaque tuerie, le débat sur les armes resurgit. Alors
que Barack Obama en appelle à un "examen de conscience", le peuple
américain n'a pas l'air prêt à mettre le fusil au placard.
Oak Creek, Aurora, Tucson: ces trois fusillades meurtrières font l'actualité cette semaine aux Etats-Unis. Mais peu d'Américains semblent prêts à l'"examen de conscience" demandé par Barack Obama sur les moyens de réduire la violence.
Lundi, au lendemain de la fusillade qui a fait 7 morts dans un temple sikh d'Oak Creek, le président avait appelé à un "examen de conscience" pour trouver comment réduire la violence. Mais "les Américains ne sont pas prêts à un examen de conscience concernant les armes", affirme à l'AFP Jeffrey Reiman, professeur de philosophie à l'American University de Washington. "Ils se sont déjà faits leur opinion", comme en témoignent les 258 millions d'armes dans le pays détenues par des personnes privées.
A peine quinze jours auparavant, 12 personnes avaient déjà été tuées dans un cinéma d'Aurora par un jeune homme de 24 ans, James Holmes. Une nouvelle audience devant la justice est prévue jeudi. Et, hasard du calendrier, un autre jeune homme, accusé d'avoir tué en janvier 2011 six personnes à Tucson était présenté mardi devant la justice.
Problématique récurente
D'anciennes tueries particulièrement marquantes, comme celles survenues dans l'université de Virginia Tech (32 morts) en 2007 ou au lycée de Columbine (12 morts) en 1999, sont toujours présentes à l'esprit des Américains. Et à chaque fois revient la question du droit à porter des armes dans un pays où il est garanti par le deuxième amendement de la Constitution divise.
"Ce n'est pas un examen de conscience qui va arrêter les tueurs en série. Ce n'est pas d'examen de conscience dont nous avons besoin, mais de meilleures lois sur les armes", affirme à l'AFP Adam Winkler, professeur de droit à l'université de Los Angeles.
Fléau quotidien
"Il faut des garde-fous plus efficaces, cela n'empêchera pas les fous furieux de tuer en masse, mais cela peut réduire la violence par arme à feu qui est le fléau quotidien des villes américaines", dit-il.
Selon un sondage Gallup d'octobre 2011, 47% des Américains affirmaient alors détenir une arme chez eux, le chiffre le plus élevé en 20 ans. Et, à 26%, le nombre de personnes en faveur d'une interdiction n'avait jamais été aussi bas.
Selon le magazine Time citant des chiffres officiels, la fabrication de munitions est "une affaire qui marche de mieux en mieux". Elle a connu une croissance de 27% depuis début 2010 avec 1996 usines recensées en mai.
Réactions d'internautes
Pour répondre à M. Obama, les internautes multiplient les commentaires ces dernières heures sur les sites des journaux. Divisés sur la question du port d'armes, ils sont unanimes dans la critique de l'appel du président.
M. Obama "veut nous enlever le droit de porter des armes comme ça, seuls ceux qui font des boulots de dingues et les criminels règneront sur les gens sans défense", estime William Molnar de Floride, sur le site de USA Today. Sean Hamilton, de Boston, "n'a pas besoin d'examen de conscience. Ces fusillades sont des incidents isolés. Ce n'est la faute que des tueurs".
Rien changé
"Combien va-t-il falloir de tueries pour que nos dirigeants politiques disent quelque chose d'autre que l'équivalent d'une carte de condoléances?", demande au contraire "dwk" de Los Angeles sur le site du New York Times. "Sherman", de Californie, remarque que le mot "armes" n'a pas été prononcé.
"Il y a eu des tragédies avant, et cela n'a rien changé", dit M. Reiman, "on ne doit pas s'attendre à un quelconque examen de conscience, à de nouvelles attitudes ou de nouvelles lois. Le public va oublier jusqu'à la prochaine fusillade", dit-il.
Source : ATS
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