Montréal
La plus longue grève étudiante de l'histoire du Québec s'est soldée par un match nul. Le gouvernement pourra augmenter les frais de scolarité, mais les étudiants ne paieront pas un sou de plus - en théorie, du moins! Car il y a malgré tout un perdant dans cette affaire: les gestionnaires des universités. Ce sont ces institutions qui financeront l'augmentation des droits d'inscription en réduisant ou en abolissant les «frais administratifs» greffés à la facture que reçoivent les étudiants pour chaque session de cours.
Déjà aux prises avec des déficits imposants, ils devront racler leurs fonds de tiroirs pour boucler leurs budgets. Comment? En éliminant le gaspillage, affirme le premier ministre Jean Charest. Même si les leaders étudiants se sont empressés d'entériner ce raisonnement, heureux d'en finir avec un conflit qui menaçait de s'enliser. Après 83 jours de grève, l'appui de la population à leur mouvement de contestation s'effritait.
Embouteillages monstres
Déclenché le 13 février par les étudiants en sociologie de l'université Laval à Québec, le mouvement de grève avait fait boule de neige. Deux semaines plus tard, ils étaient 65.000 à faire l'école buissonnière. Des élèves de plusieurs Cégeps (les collèges d'enseignement pré-universitaire) s'étaient joints au mouvement. Le 22 mars, un peu plus de 300.000 étudiants affiliés à l'une des trois grandes fédérations étudiantes étaient en grève, sur un effectif total de 486.000 dans la province.
Ils défilaient presque tous les jours dans les rues de Montréal, paralysant la circulation et allant, parfois, jusqu'à bloquer un des cinq ponts qui relient l'île aux populeuses banlieues de la rive sud du Saint-Laurent. Ce qui provoquait des embouteillages monstres et contribuait à aliéner aux contestataires la sympathie de la population.
1 000 arrestations
Le mouvement d'opposition à la hausse des frais de scolarité a culminé le 22 mars. Ce jour-là, 200.000 personnes ont défilé dans les rues de la métropole québécoise. Samedi dernier, il ne restait plus «que» 165.500 grévistes. Le 3 mai, à la tombée de la nuit, 3000 d'entre eux ont défilé nus, ou presque.
On a beaucoup joué sur les mots au cours de ce conflit. Invoquant le fait que le mot «grève» s'applique au monde du travail et non à des étudiants qui ne sont que «des consommateurs de services», les recteurs d'université ont préféré utiliser le terme «boycott des cours», que la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, s'est empressée de reprendre à son compte.
Quoi qu'il en soit, après 83 jours de blocage, le bilan s'établit à près de 1000 arrestations - des étudiants pour la plupart, mais aussi des professeurs et des journalistes - et quelques dizaines de blessés (un étudiant a perdu un œil samedi).
Source : http://www.lefigaro.fr
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