Thursday, May 24, 2012

Les dérives de la police parallèle en Chine entre bavures et corruption

C'est la force de sécurité la plus détestée en Chine : la "chengguan" (en chinois "gestion urbaine").

Créée en 1997 et présente dans 656 villes, elle s'occupe du maintien de l'ordre au quotidien dans les municipalités et des petits délits, mais, dans les faits, elle est une source régulière de désordres en raison de bavures répétées et de la corruption de ses membres, dénonce Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié mercredi 23 mai (PDF).
Les principales victimes sont les vendeurs de rue, qui, au mieux, se voient confisquer leurs marchandises. La "chengguan", une véritable "police parallèle", est loin de ressembler à l'image idyllique donnée par les autorités de la ville de Chengdu, où une unité féminine circule en rollers.
Une simple recherche sur Google, en chinois, avec l'expression "la chengguan frappe les gens" donne plus de 8,7 millions de résultats. Les vidéos des exactions sont nombreuses sur les sites de partage, comme ici dans le nord de la Chine.
Pour HRW, qui a interviewé des victimes et enquêté dans six villes entre mi-2009 et 2011, "alors que le gouvernement chinois a lancé des réformes juridiques pour tenter de réduire les bavures de la police, la "chengguan", comme organe de maintien de l'ordre pour les délits non criminels, n'a pas été l'objet de telles initiatives".
L'organisation de défense des droits de l'homme relève qu'"il n'existe pas de cadre national de réglementation définissant le champ d'action autorisé des chengguan, ni de directives communes concernant leur formation et leur code de conduite, ni de système de supervision et d'enquête sur les abus dont elles sont accusées, qui pourraient aboutir au niveau local à une régulation et à un contrôle de cette force".
Les dérives de la "chengguan" sont pourtant régulièrement dénoncées par les avocats, le public et les médias. HRW a envoyé des lettres au Bureau de la sécurité publique et au comité législatif et politique du Parti communiste chinois pour rendre compte de ses recherches, mais n'a pas reçu de réponses.
"L'impunité pour les abus commis par les chengguan confirme une tendance plus large en Chine, consistant en la prolifération d'agences de sécurité de plus en plus puissantes, bien financées et qui échappent à tout contrôle", estime, dans un communiqué, Sophie Richardson, responsable de HRW pour la Chine, basée à Hongkong.
"La possibilité pour les chengguan de bafouer les lois chinoises et de faire subir des préjudices à la population est une recette certaine pour davantage de rancœur dans le public et pour de nouveaux affrontements violents", a-t-elle ajouté.

Source : http://www.lemonde.fr

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