Étudiants, travailleurs, sans-emploi, anarchistes, familles et militantes féministes se sont rassemblés pour une marche anticapitaliste mouvementée
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n’a pas tardé hier à déclarer « illégale » la traditionnelle manifestation anticapitaliste marquant la Fête internationale des travailleurs. Les quelque 3000manifestants marchaient depuis à peine une trentaine de minutes lorsque les policiers les ont sommés de « rentrer chez eux ». C’est à ce moment qu’ont éclaté quelques échauffourées avec l’escouade antiémeute. La marche s’est tout de même poursuivie pendant près de trois heures dans les rues du centre-ville, et les forces de l’ordre ont procédé à au moins 70 arrestations.
La manifestation, organisée à l’initiative de la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC), avait débuté sur le Champ-de-Mars, derrière l’hôtel de ville. C’est de là qu’était partie, en 1907, une manifestation organisée par des militants socialistes à l’occasion du 1er mai. En plus des participants arborant le carré rouge, la foule regroupait d’ailleurs des travailleurs, des sans-emploi, des anarchistes, des familles et des militantes féministes. Autant de groupes qui ont de bonnes raisons de s’opposer au système capitaliste, a soutenu Mathieu Francoeur, porte-parole de la CLAC. « Le capitalisme structure l’économie d’une telle façon qu’il favorise l’accroissement des inégalités dans l’ensemble de la société, notamment à travers les compressions dans les programmes sociaux et la concentration de la richesse. Ce système appauvrit la société. »
Après s’être dirigée vers le boulevard René-Lévesque, la manifestation a été déclarée illégale par les policiers, omniprésents tout le long du cortège. Selon un porte-parole du SPVM, certains méfaits auraient été commis. Les policiers et certains manifestants se sont ensuite brièvement confrontés dans la rue Sainte-Catherine Ouest, où des vitrines de la Banque de Montréal ont été brisées. Des balles de peinture ont aussi été tirées en direction de certains véhicules du SPVM durant la manifestation.
L’escouade antiémeute a répliqué en fonçant sur la foule, employant au besoin des gaz irritants et des bombes assourdissantes. Certains passants ont d’ailleurs dû obtempérer aux ordres criés par des policiers les intimant de ne pas quitter les trottoirs, matraque à la main, sous peine d’être arrêtés. Certains ont aussi été menacés d’être aspergés au poivre de Cayenne.
Les manifestants qui ont choisi de demeurer dans la rue ont été divisés en plusieurs petits groupes. Certains se sont regroupés par la suite et ont défilé dans la rue Sherbrooke en se dirigeant vers l’est, pour finalement terminer la marche à la place Émilie-Gamelin. Les policiers, présents en très grand nombre, ont alors procédé à des arrestations « ciblées » parmi la foule, copieusement hués par des manifestants.
C’est de là que devait partir la huitième manifestation nocturne organisée par les étudiants en grève. Au moment de mettre sous presse, plusieurs centaines de participants marchaient toujours dans le calme dans les rues du centre-ville de Montréal.
Parc Molson
Un peu plus tôt en soirée, dans le quartier Rosemont, plusieurs centaines de manifestants ont eux aussi souligné la Fête internationale des travailleurs. Organisée par une coalition de syndicats, de groupes étudiants et de groupes communautaires, cette 40eédition de la fête au Québec a mis à l’avant-plan le mouvement étudiant contre la hausse des droits de scolarité.
Les derniers mois avaient déjà donné plusieurs raisons aux travailleurs de sortir dans la rue, a expliqué la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Régine Laurent, avant que les manifestants quittent le parc Molson. « Il y a eu une non-reconnaissance de beaucoup de travailleurs et il y a eu des comportements assez sauvages de certains employeurs, comme Rio Tinto et Aveos. » Mais ce sont les étudiants qui ont été invités à marcher tout à l’avant du cortège parce qu’ils inspirent les syndicats, a dit le président de la Fédération des travailleurs du Québec, Michel Arsenault. « C’est réconfortant pour nous. On voit qu’il y a sûrement un avenir pour le monde syndical. »
Source : http://www.ledevoir.com
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