Saturday, March 24, 2012

Nouvelles condamnations internationales des putschistes maliens

Les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne ont appelé, vendredi 23 mars, au retour d'un gouvernement civil et de l'ordre constitutionnel au Mali après le coup d'Etat annoncé par des militaires.

Les ministres, réunis à Bruxelles, "condamnent fermement les tentatives de prise de pouvoir par la force au Mali" et "appellent à la fin immédiate des violences et à la libération des responsables de l'Etat (...), au retour d'un gouvernement civil et à la tenue d'élections démocratiques comme prévu", selon un communiqué de l'UE. La Commission européenne a annoncé par ailleurs la suspension des opérations de développement, mais pas de l'aide humanitaire, au Mali après le coup d'Etat annoncé par les militaires.
L'Union africaine (UA) a pour sa part suspendu le Mali jusqu'au retour de l'ordre constitutionnel dans ce pays, et a décidé d'envoyer une mission conjointe avec la Cedeao à Bamako pour faire pression en ce sens sur les militaires putschistes. Quant aux Etats-Unis, ils ont prévenu vendredi que l'aide économique et militaire de 70 millions de dollars qu'ils versent au Mali risquait d'être compromise si les responsables du coup d'Etat militaire ne rétablissaient pas l'ordre constitutionnel dans le pays.
Le chef des putchistes, le capitaine Amadou Sanogo, a annoncé vendredi que les dirigeants du régime du président Touré, sont "sains et saufs" et qu'ils seront "prochainement remis à la justice malienne". "Ces gens sont sains et saufs. On ne touchera pas à un cheveu de quelqu'un. Je les remettrai à la justice pour que le peuple malien sache la vérité", a déclaré le capitaine Sanogo, qui n'a donné aucune précision sur leur identité ou sur le sort du président Toumani Touré.
Selon Amnesty International, les militaires putschistes retiennent au moins trois membres de son gouvernement : la première ministre, Mariam Kaidama Sidibé, le ministre des affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga, et le ministre de l'administration du territoire, Kafougouna Koné. Ils seraient détenus "au camp militaire de Kati", ville garnison à 15 km au nord-ouest de Bamako, d'où est partie la mutinerie, d'après la même source. D'autres responsables et hommes politiques seraient aussi retenus, probablement au camp de la police nationale, dont l'ex-premier ministre Modibo Sidibé.


CONDAMNATION DE L'ONU
Dans une déclaration lue par l'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant, dont le pays préside le Conseil en mars, les quinze pays membres "condamnent fermement" le putsch. Ils demandent aux mutins de "garantir la sécurité du président Amadou Toumani Touré et de regagner leurs garnisons", réclament "la libération de tous les responsables maliens détenus" et invitent instamment "toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue, à éviter la violence et à rester calmes".

Ils estiment que le processus électoral doit être "préservé" selon le calendrier prévu, c'est-à-dire les élections présidentielle et législatives et un référendum constitutionnel. Ils saluent les efforts de l'Union africaine pour régler cette crise et promettent de continuer à "suivre de près la situation au Mali".
La Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont annoncé jeudi qu'elles suspendaient leur aide au Mali après le coup d'Etat. "Nos opérations de développement sont suspendues à l'exception de l'assistance d'urgence", écrivent les deux institutions multilatérales dans un communiqué. Selon le communiqué, les deux organisations "se joignent à l'Union africaine et à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour condamner le coup d'Etat militaire, exhorter à une résolution rapide de la crise et appeler au retour du gouvernement légitime afin de conserver les gains de développement du pays et de son peuple".

BAMAKO AU RALENTI
Bamako vivait au ralenti vendredi. Contrairement à l'habitude, la circulation était très ralentie sur les grandes artères de la capitale, où un couvre-feu, de 18 heures à 6 heures, heure locale, a été imposé par les putschistes depuis jeudi. De nombreuses boutiques restaient fermées, de même que les administrations publiques et la plupart des banques.
Dans la cour de l'Office de la radio-télévision du Mali (ORTM, public), transformé en quartier général officieux des mutins, qui l'occupent depuis mercredi, toutes sortes d'objets récemment volés ou pillés étaient entassés : télévisions, ordinateurs, meubles. Leurs propriétaires ont été invités par les militaires qui ont pris le pouvoir à venir les récupérer. Les soldats se sont livrés mercredi et jeudi à des pillages, ont réquisitionné des véhicules particuliers et le siège de certaines administrations, dont la douane, a été pillé. La junte a ensuite condamné "tous les actes de vandalisme constatés sur le terrain" et a invité les militaires à œuvrer au retour d'un "climat de paix". Elle a invité les fonctionnaires à reprendre le travail mardi 27 mars au matin, ajoutant que "toute absence non justifiée sera considérée comme un abandon de service".

LA RÉBELLION TOUAREG CONTINUE
De son côté, la rébellion touareg a annoncé vendredi qu'elle poursuivra "son offensive" dans le nord du pays. "Le coup d'Etat militaire au Mali ne change en rien la dynamique du MNLA [Mouvement national pour la libération de l'Azawad] , qui défend son autodétermination sans aucune condition et son indépendance vis-à-vis du Mali", a indiqué Bakaye Ag Hamed Ahamed, le chargé de communication du mouvement rebelle.
Les militaires "ont choisi de se rebeller" après "leur déroute dans l'Azawad" [région du Mali et berceau des Touareg], estime ce porte-parole, qui "met en garde" ces mêmes militaires "contre l'atteinte à l'intégrité physique des populations civiles de l'Azawad résidant au Mali".
Au moins trois personnes ont été tuées par des balles perdues lors de la mutinerie qui a débouché jeudi sur un coup d'Etat militaire au Mali, a indiqué enfin l'ONG Amnesty International. Précédemment, une source militaire malienne avait parlé d'un mutin tué et d'un autre blessé mercredi. La Croix-Rouge malienne avait évoqué environ quarante blessés, dont des civils, essentiellement par balle, entre mercredi et jeudi.

Source : http://www.lemonde.fr

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