Tuesday, March 13, 2012

Honduras - Le périlleux métier de journaliste

Pas moins de vingt journalistes ont été assassinés depuis le coup d'État de juin 2009 au Honduras, le dernier meurtre étant survenu samedi dernier.
Felix Molina a eu plus de chance puisque, jusqu'à présent, il a seulement reçu des textos menaçants. Il anime depuis juillet 2009 une émission intitulée Resistancia, créée en réaction à ce qu'il appelle «l'encerclement» médiatique dans son pays et à la tendance qu'ont les médias conservateurs à manipuler l'information et à censurer les nouvelles défavorables au régime.

Pendant les mois qui ont suivi le coup d'État, les attaques à la liberté de la presse ont également pris la forme de coupures d'électricité et de saisies de matériel dans les locaux des médias progressistes, dont Radio Globo, la station qui diffuse l'émission de M. Molina.

Selon ce dernier, le gouvernement issu des élections tenues trois mois seulement après le coup d'État a également lancé une campagne de dénigrement des journalistes indépendants, qu'il accuse de subversion, en plus de menacer de révocation de permis de deux stations de radio.

Pendant la décennie qui a précédé le coup d'État de 2009, on avait déploré les meurtres de deux journalistes au Honduras. Selon M. Molina, ces assassinats étaient généralement attribuables aux gangs criminels, alors que la police a trempé dans la plupart des crimes de la nouvelle vague.

L'opposition hondurienne réclame de nouvelles élections et la convocation d'une assemblée constituante pour rédiger une nouvelle loi fondamentale. Selon Felix Molina, les élections de novembre 2009, s'étant déroulées en l'absence d'observateurs internationaux, «n'étaient pas libres et démocratiques et le gouvernement actuel n'est pas légitime». «Il a mis en place des lois qui limitent les droits de la personne et il n'a pas épuré la police. Nous assistons à un retour en force de la torture, des disparitions forcées et de la répression de ceux qui militent pour une meilleure répartition des terres», ajoute le journaliste en entrevue.

Parlant de l'exercice de son métier, Felix Molina ajoute: «Nous pratiquons une certaine autocensure: nous ne parlons pas du narcotrafic, qui est souvent lié à de puissants intérêts, mais nous parlons des droits humains et de la corruption.»

Felix Molina dit inviter à son émission, qui est diffusée dans tout le pays, une pluralité de «voix», des voix issues «des jeunesses et pas seulement de la jeunesse urbaine», que celles-ci soient autochtones, afro-honduriennes, féminines, paysannes ou «marginalisées» d'une façon ou d'une autre.

Les entreprises canadiennes et américaines investissent beaucoup au Honduras, surtout dans l'agriculture industrielle (dont la production de biocarburants) et les mines, respectivement.

Si le Honduras a été réintégré au sein de l'Organisation des États américains après les élections de novembre 2009, les autorités de ce pays n'en continuent pas moins d'être critiquées par de nombreuses organisations non gouvernementales à l'étranger.

Il ne se passe pas un mois sans qu'Amnesty International dénonce des violations des droits fondamentaux au Honduras (menaces, enlèvements et assassinats) et Reporters sans Frontières, des atteintes à la liberté de presse. On peut ajouter à la liste la Fédération internationale des droits de l'homme, Via campesina et FIAN International.

Felix Molina présente une série de conférences à Montréal cette semaine, à l'invitation du comité pour la justice sociale de Montréal. Il prendra notamment la parole cet après-midi à l'édifice Trottier de l'Université McGill, à 15h.

Source : http://www.ledevoir.com

No comments:

Post a Comment