Thursday, December 22, 2011

Les manœuvres sanglantes post-électorales continuent en RDC

Au moins 24 personnes ont été «tuées» par les forces de sécurité en République démocratique du Congo (RDC) depuis la réélection contestée de Joseph Kabila le 9 décembre, a dit jeudi Human Rights Watch (HRW). La Commission électorale a elle annoncé une suspension de la compilation de certains résultats des législatives.

«Au moins 24 personnes ont été tuées par les forces de sécurité entre les 9 et 14 décembre, dont 20 à Kinshasa, deux au Nord-Kivu (est) et deux au Kasaï Occidental (centre)», écrit l’organisation de défense des droits de l’Homme dans un communiqué.
Depuis l’annonce le 9 décembre par la Commission électorale (CÉNI) des résultats provisoires de la présidentielle du 28 novembre donnant la victoire au président sortant Joseph Kabila, «les forces de sécurité ont tiré sur des petites foules, apparemment pour empêcher la tenue de manifestations contre le résultat de l’élection», dit Anneke Van Woudenberg, enquêtrice pour l’Afrique à HRW.
«Ces manœuvres sanglantes contribuent à fragiliser le processus électoral et donnent l’impression que le gouvernement ne reculera devant rien pour rester au pouvoir», ajoute-t-elle dans le communiqué.
La Garde républicaine visée
L’ONG, qui dit avoir interrogé «86 victimes, membres de familles et d’autres témoins», dénonce particulièrement la police et la Garde républicaine - chargée de la sécurité de la présidence -.
La victoire de M. Kabila a été confirmée le 16 décembre par la Cour suprême de justice (CSJ), avec 48,95 % des suffrages, contre 32,33 % à l’opposant Etienne Tshisekedi, arrivé second. M. Tshisekedi s’est autoproclamé «président élu» après avoir rejeté les résultats, entachés de multiples irrégularités dénoncées par des observateurs nationaux et internationaux, et plusieurs pays.
«Human Rights Watch a reçu des dizaines de signalements d’autres meurtres et d’attaques par les forces de sécurité qu’elle cherche à vérifier et poursuit ses enquêtes», indique le texte, qui souligne que «la police et les autres forces de sécurité couvrent l’ampleur des meurtres en retirant rapidement les corps».
Des jeunes ont lapidé un prêtre
L’ONG évoque aussi un «incident dans lequel des jeunes de Kinshasa ont lapidé un prêtre qui a par la suite succombé à ses blessures».
«Il semblerait que la police et d’autres forces de sécurité masquent l’étendue des meurtres en enlevant rapidement les corps», écrit HRW.
Les forces de sécurité ont par ailleurs «bloqué par la force des tentatives des groupes d’opposition d’organiser des manifestations pacifiques contre les irrégularités de l’élection» présidentielle, couplée aux législatives.
Appel évoqué
Ils ont «arrêté un certain nombre des organisateurs sur des accusations fallacieuses de menace à la sécurité nationale», indique le communiqué.
Human Rights Watch avait déjà mis en cause la Garde républicaine dans la plupart des 18 tués civils qu’elle a recensés en fin de campagne et pendant le scrutin.
L’organisation appelle le gouvernement congolais à «immédiatement arrêter les attaques et les arrestations arbitraires».
Mercredi, la CÉNI, critiquée lors de publication des résultats de la présidentielle, a annoncé la suspension de la compilation de certains résultats des législatives, en attendant la mise en place d’une aide technique internationale.
La CÉNI a pris cette mesure après avoir été saisie «de réclamations» de partis politiques sur le processus de compilation.
La CÉNI a commencé à publier sur son site internet les résultats provisoires d’une trentaine de circonscriptions mais la publication pour les quelque 140 circonscriptions restantes est «subordonnée, le cas échéant, par l’examen des contestations» dont elle est «saisie et a délibéré», ajoute le communiqué.
La CÉNI continuera à publier les résultats provisoires dans les centres de compilation qui n’auront fait «l’objet d’aucune réclamation», est-il précisé.

Source : http://www.24heures.ch/

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