Wednesday, December 21, 2011

L'armée, toujours au pouvoir en Egypte, réprime les manifestants

La police et l’armée égyptiennes ont tiré des coups de feu et fait usage de gaz lacrymogènes mardi: ils tentaient une nouvelle fois de déloger de la place Tahrir du Caire des manifestants hostiles au pouvoir militaire. C’est la cinquième journée consécutive de violences, qui ont fait au total treize morts.

Les affrontements qui ont également fait des centaines de blessés en cinq jours au Caire embarrassaient mardi le pouvoir militaire. Des manifestants affirment que ce bilan va s’alourdir avec la dernière intervention des forces de l’ordre.
Des sources médicales ont affirmé que 9 des 13 tués avaient été «touchés par des balles», précisant que seuls 10 corps avaient été autopsiés pour le moment, a rapporté l’agence officielle égyptienne Mena.
L’armée au pouvoir depuis la chute en février du président Hosni Moubarak a pourtant réaffirmé à plusieurs reprise que les forces de sécurité n’avaient pas fait usage de balles réelles, en dépit de vidéo largement diffusées montrant des militaires tirant sur les manifestants avec des fusils.
D’intenses fusillades ont résonné à travers la place tandis que les forces de sécurité chargeaient des centaines de manifestants refusant de quitter les lieux, ont déclaré des activistes et un journaliste de Reuters.
Des personnalités politiques et des membres du parlement ont tenté de se rendre sur la place mais ont fait demi-tour en raison des fusillades, a ajouté ce manifestant. Une source militaire a fait état de 164 arrestations. Une source au sein des services de sécurité a déclaré qu’un jeune homme de 26 ans était mort en détention sans que l’on connaisse la cause de son décès.
Violences faites aux femmes
Le quotidien indépendant Tahrir, fondé après la chute du président Hosni Moubarak en février, fustigeait en Une «les forces qui attentent à l’honneur», avec une photo d’un soldat tenant une femme par les cheveux tandis qu’un autre brandissait une matraque au- dessus d’elle.
Les violences aux femmes dans les manifestations sont indignes de la révolution et «déshonorent l’Etat» égyptien, a accusé la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, dans un langage fort peu diplomatique.
La Haut Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Navi Pillay, a condamné «la répression brutale» des manifestations. «La violence impitoyable avec laquelle des femmes manifestant pacifiquement ont été frappées est particulièrement choquante et ne peut rester impunie», a-t-elle souligné.
L’armée se défend
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l’Egypte depuis la chute en février du président Hosni Moubarak, a défendu l’attitude des forces de sécurité.
Le général Adel Emara, membre du CSFA, a ainsi reconnu lundi que les soldats avaient frappé une manifestante voilée, lui découvrant le ventre et faisant apparaître son soutien-gorge, la traînant sur la chaussée, une scène photographiée particulièrement choquante dans un pays conservateur.
Mais il a tenté de justifier le comportement des soldats. «Oui, cela s’est passé. Mais il faut voir les circonstances» , a affirmé le général Emara, assurant: «Nous enquêtons, nous avons rien à cacher».
Un groupe de députés récemment élus aux élections législatives qui ont débuté le 28 novembre, les premières de l’après-Moubarak, observaient un sit-in devant la Cour suprême pour exiger la fin des violences contre les manifestants et l’ouverture d’une enquête.
Les affrontements avaient éclaté vendredi entre les forces de l’ordre et des manifestants qui campaient depuis fin novembre devant le siège du gouvernement pour protester contre la nomination par l’armée comme Premier ministre de Kamal el-Ganzouri, qui avait déjà occupé ce poste sous Hosni Moubarak.
Les manifestants réclament également la fin du pouvoir militaire, visant en particulier le chef de l’armée et chef d’Etat de fait, le maréchal Hussein Tantaoui.

Source : http://www.24heures.ch

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