Entre braquage à l'arme de guerre et règlement de compte,
Marseille traîne une réputation sulfureuse. Mais la violence qui règne dans la
cité phocéenne fait oublier d'autres problèmes.
Au 19e siècle, des bandes faisaient déjà régner la terreur
dans les rues de la ville. Marseille connaissait trois fois plus de méfaits que
la moyenne nationale, soulignait en janvier dernier le procureur de la
République, Jacques Dallest.
Une façon de relativiser une année 2011 déjà noire pour les
règlements de comptes. Mais 2012 s'annonce pire, avec un nouvel homicide
survenu récemment, le 19e dans la région, qui a incité le gouvernement français
à annoncer pour jeudi une réunion ministérielle consacrée uniquement à cette
agglomération.
C'est dans l'entre-deux-guerres que se forge la légende du
crime, quand les truands Carbone et Spirito règnent sur Marseille. Leur
succèderont les frères Antoine et Barthélémy Guérini, puis Gaëtan Zampa et
Francis Le Belge.
Autant de "parrains" d'un milieu dit
"traditionnel", car implanté historiquement dans cette ville
"porte de l'Orient", où se croisent gens, marchandises et trafics en
tous genres. Avec des rivalités sanglantes... Un soir de 1978, la tuerie du bar
du Téléphone fait dix morts, triste record jamais battu. Dans les années
nonante, la "guerre des boîtes" apporte également son lot de
cadavres.
"Néo-banditisme"
Depuis trois ans, la plupart des règlements de comptes émanent
d'un "néo-banditisme" de cités, à distinguer de la voyoucratie
passée, répondent policiers et magistrats.
Ses protagonistes sont jeunes, équipés d'armes de guerre
dont le commerce s'est répandu. Ils s'entretuent pour des affaires liées au
trafic de stupéfiants, principalement du cannabis, "atomisé" entre
des clans qui se disputent une consommation locale, quand celui de l'héroïne,
du temps de la "French Connection" des années 70, était plus
centralisé et destiné à l'export.
A Noël, trois jeunes de 19-20 ans ont ainsi été retrouvés
carbonisés dans une voiture. Un trafiquant rival, âgé de 25 ans, a été écroué
en juillet.
La misère
Face à cette violence qui désempare les politiques et fait
valser les préfets, une élue socialiste a réclamé l'armée, créant la polémique.
Mais elle masque une autre réalité: la misère des quartiers nord où surviennent
la plupart des règlements de comptes.
Marseille, ville pauvre, l'est beaucoup dans sa périphérie.
Là, les barres d'immeubles ont poussé comme des champignons entre 1955 et 1975,
pour absorber 250'000 habitants supplémentaires, issus notamment de
l'immigration.
A l'époque, "le déclin de la ville, foyer économique de
la façade méditerranéenne française, paraissait improbable tant elle
symbolisait le dynamisme et la croissance des Trente glorieuses", écrit
Nicolas Douay, auteur d'une thèse sur la planification urbaine à Marseille.
Il s'amorce pourtant dans les années 70 avec le choc
pétrolier et la crise qui s'ensuit, Marseille perdant 60'000 emplois entre 1975
et 1990 sous gouvernance socialiste. La municipalité de droite, aux affaires
depuis 1995, assure avoir redressé la situation. Mais inégalités et retards
restent criants, même si la ville change de visage avec le quartier d'affaires
Euroméditerranée et son statut de capitale européenne de la Culture en 2013.
Source : http://www.lacote.ch
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