Une cour d'appel de Bahreïn a confirmé mardi de lourdes peines pour
13 opposants ayant joué un rôle de premier plan dans le soulèvement de
2011, un verdict renforçant la détermination de l'opposition à durcir la
contestation.
Peu après l'annonce du verdict, des dizaines de jeunes
gens ont mis le feu à des pneus à l'entrée de plusieurs villages
chiites des environs de Manama en signe de protestation, ont indiqué des
témoins.
Le tribunal a confirmé la prison à perpétuité pour sept
opposants, tous chiites, reconnus coupables de "conspiration pour
renverser le gouvernement", et pour certains "d'espionnage".
Parmi
eux figure le militant des droits de l'Homme Abdel Hadi al-Khawaja, qui
possède également la nationalité danoise et qui a mené jusqu'en mai une
grève de la faim de 110 jours.
Le tribunal a également confirmé les peines allant de cinq à quinze ans de prison pour cinq autres opposants.
Les
13 militants, détenus depuis un an et demi, n'ont pas comparu devant la
cour, selon des avocats de la Défense. Les forces de sécurité étaient
déployées en force autour du tribunal pour empêcher toute manifestation.
Les 13 hommes ont le droit de faire appel auprès de la Cour suprême.
Sur
son compte Twitter, le chef du puissant parti d'opposition chiite
Al-Wefaq, cheikh Ali Salmane, a affirmé que la décision du tribunal "ne
fera que renforcer la détermination du peuple à poursuivre son
soulèvement jusqu'au bout".
"Tant que nos frères seront détenus, la
crise se poursuivra", a-t-il ajouté, appelant à la libération
inconditionnelle des chefs de l'opposition.
"Dictature"
Les partis
d'opposition dont le Wefaq ont également publié un communiqué commun
dénonçant "la dictature" à Bahreïn où l'impasse politique semble totale,
la dynastie sunnite refusant toute concession sur le fond.
Amnesty
International, dont un observateur a assisté au procès, a déploré une
décision "scandaleuse", appelant les autorités à "libérer immédiatement
et sans condition" les treize opposants.
"La décision de la cour
porte un nouveau coup à la justice et montre une fois de plus que les
autorités bahreïnies ne sont pas engagées sur la voie de la réforme,
mais plutôt dans une logique vindicative", a affirmé Hassiba Hadj
Sahraoui, directrice adjointe de l'organisation pour le Proche-Orient et
l'Afrique du nord.
Le premier procès des opposants s'était déroulé
en avril 2011 un mois après des manifestations de protestations de
chiites, majoritaires à Bahreïn, qui demandent toujours une véritable
monarchie constitutionnelle dans ce petit royaume du Golfe dirigé par
une dynastie sunnite.
Parmi les personnes condamnées à la perpétuité
figurent Hassan Mashaimaa, le chef du mouvement de l'opposition chiite
Haq, Abdelwahab Hussein, chef du mouvement islamique chiite Wafa, et un
autre militant membre du Haq, Abdeljalil al-Singace, qui souffre d'une
paralysie des jambes.
Ibrahim Chérif, le chef sunnite du groupe Waëd,
une formation de la gauche laïque, qui avait joué un rôle de premier
plan dans le mouvement de protestation, est pour sa part condamné à cinq
ans de prison.
Les treize militants, ainsi que huit autres opposants
dont sept jugés par contumace, avaient été condamnés en juin 2011 par
le tribunal d'exception pour complot contre le régime.
Le 30 avril 2012, la Cour de cassation a ordonné un nouveau procès en appel.
Les
sept personnes jugées par contumace n'ont pas le droit de faire appel
alors qu'un opposant condamné à deux ans de prison a été libéré après
avoir vu sa peine réduite à six mois.
Le verdict de la cour d'appel
intervient alors que la condamnation le 16 août d'un autre militant des
droits de l'Homme, Nabil Rajab, à trois de prison ferme a déjà suscité
des critiques des organisations de défense des droits de l'Homme et de
pays occidentaux à l'égard du pouvoir bahreïni.
M. Rajab, qui dirige le "Bahrain Centre for Human Rights", était jugé pour sa participation à des manifestations non autorisées.
Source: AFP
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