Que se serait-il passé si Robin des bois avait fait ses courses au
supermarché ? Les étals bien garnis de ces temples de la consommation
ont en tout cas donné des idées à une centaine de membres du Syndicat
andalou des travailleurs (SAT).
Les militants
sont allés mardi 8 août se servir dans les rayons de deux supermarchés
sans passer par la caisse. L'objectif : redistribuer leur vingtaine de
chariots remplis de produits alimentaires à des ONG locales. Un moyen de
protester contre la vie chère et les inégalités sociales, alors que
l'Andalousie est une des régions d'Espagne les plus touchée par la
crise, avec 33,92 % de sa population au chômage. "Est-ce du vol ? Un acte symbolique ? Une atrocité ? Un fait violent ?" s'interrogeait mardi 8 août El Pais, en relatant la scène.
"Le moment est arrivé de mener des actions qui frisent
l’illégalité, parce qu’il y a des gens pour qui tout va mal, et nous ne
pouvons pas rester les bras croisés", a commenté un syndicaliste. Mais pas question pour autant de faire les choses dans le désordre. "La
consigne était claire. L'objectif était de ne pas saccager. Prendre
seulement des produits de première nécessité. Ni chocolats, ni yaourts,
ni desserts, mais du sucre, de l'huile, des légumes, du lait" explique ainsi le sécrétaire général du SAT, Diego Cañamero.
Et le scénario ne s'est pas déroulé de la même manière dans les deux
supermarchés visés. Dans le premier, des affrontements entre les
militants et la police ont eu lieu, tandis que le second supermarché a
finalement accepté de lui-même d'offrir une dizaine de chariots remplis
de provisions, pour une valeur de 1 000 euros.
Mais ce qui provoque le plus de débats dans les médias espagnols,
c'est la présence d'élus parmi les militants. José Manuel Sanchez
Gordillo, député régional du parti de gauche Izquierda Unida, a en effet
dirigé les opérations armé d'un mégaphone. Un journaliste de la radio ABC a ainsi fait la morale à l'élu : "J'espère que c'est la dernière fois que j'interroge un élu qui vole dans les supermarchés". "C'est un acte répréhensible à 100 % !" a-t-il insisté. José Manuel Sanchez Gordillo n'a pas manqué de répartie."C'est cette crise qui est un vaste vol !" a-t-il lancé, à grand renfort de chiffres et de statistiques.
Un acte "intolérable" pour le ministre de l’intérieur, Jorge Fernandez Diaz, qui a lancé un mandat d’arrêt contre les militants. "Nous sommes tous conscients que ça va mal pour les gens, mais la fin ne justifie pas les moyens. Ce serait la loi de la jungle" a-t-il justifié. Un constat partagé par le président socialiste de la Junte d’Andalousie, José Antonio Grinan, "C’est une atrocité d’attaquer un supermarché quand on est député."
"Prendre de la nourriture et la donner aux familles en grande difficulté, si cela c’est du vol, alors oui je suis coupable"
a répliqué le militant Francisco Molero, 23 ans. Après avoir passé une
nuit au commissariat de Séville avec un autre militant, il a été remis
en liberté hier mais sera poursuivi pour vol et action sous la
contrainte. L'élu José Manuel Sanchez pourrait aussi être entendu par un
juge. "Si je finis en prison parce que j’ai pointé du doigt les effets de la crise, ce sera un honneur pour moi" a-t-il réagi.
D'après El Mundo, la police a également été dépêchée dans
une exploitation agricole du ministère de la défense occupée depuis plus
de deux semaines par ces mêmes militants pour réclamer une meilleure
répartition des terres dans cette région où se perpétue la tradition des
grands propriétaires. L'évacuation s'est faite "sans le moindre incident" note le quotidien.
Source : www.lemonde.fr
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