Julian Assange se tient reclus depuis deux mois dans l'ambassade d'Equateur à Londres. Protégé par l'asile diplomatique depuis le 16 août, le cofondateur de WikiLeaks, qui doit répondre d'accusations de viol et d'agression sexuelle en Suède, ne peut sortir du bâtiment sans risquer d'être arrêté par la police britannique, puis extradé.
L'ancien juge espagnol Baltasar Garzon, qui coordonne sa défense, cherche à obtenir du Royaume-Uni un sauf-conduit pour le faire sortir du pays, et envisage de saisir la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. Le ministère des affaires étrangères britannique, de son côté, maintient qu'il doit appliquer la décision de la Cour suprême autorisant l'extradition de M. Assange et donc l'arrêter dès qu'il aura posé le pied dehors. Pour l'heure l'impasse semble totale. Mais les sièges similaires ne manquent pas dans l'histoire diplomatique, qui permettent d'évaluer les chances de sortie d'Assange.
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Un raid de la police ?
Le Royaume-Uni n'a utilisé cette législation qu'une seule fois, pour déloger des squatteurs de l'ambassade du Cambodge. Mercredi, l'Equateur a déclaré avoir été informé par les autorités britanniques que ce levier pourrait être utilisé afin d'autoriser des policiers à saisir Julian Assange dans l'ambassade. Londres a affirmé par la suite n'avoir aucune intention d'en faire usage.
Ainsi, Le Royaume-Uni évite de remettre en cause l'inviolabilité de ses propres ambassades à l'étranger. Comme l'expliquait au Monde, la semaine dernière, Sir Tony Brenton, ex-ambassadeur britannique à Moscou, "si les gouvernements peuvent révoquer de manière arbitraire l'immunité diplomatique et pénétrer dans une ambassade, nos diplomates ne pourront plus exercer leur mission".
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Immunité diplomatique
Le juriste britannique Carl Gardner a suggéré une autre solution, bien improbable : l'Equateur pourrait faire d'Assange son représentant aux Nations unies, ce qui le protégerait d'une arrestation lors de ses déplacements vers des sommets de l'ONU à travers le monde. Assange pourrait bien être démis de ses fonctions par l'Assemblée générale de l'organisation, mais cela prendrait quelque temps et le fugitif serait protégé jusque-là.
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Voiture diplomatique
Les policiers anglais auraient donc le droit d'arrêter la voiture, mais pas celui de la fouiller pour y trouver Assange. Cependant, Scotland Yard a positionné ses hommes jusqu'à l'intérieur du bâtiment où se situe l'ambassade (qui n'en occupe pas la totalité). Depuis le hall, l'escalier et les sorties des ascenseurs, ces hommes barrent les voies qui permettraient à Assange d'atteindre une voiture, et le maintiennent reclus à l'étage. De plus, même s'il arrivait jusqu'à un aéroport, Assange risquerait l'arrestation dès sa sortie de voiture, avant d'avoir pu embarquer dans un avion.
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Valise ou conteneur diplomatique
En 1984, des kidnappeurs avaient ainsi tenté de rapatrier un ancien ministre nigérian, Umaru Dikko, accusé de corruption dans son pays et que le Royaume-Uni refusait d'extrader. L'homme avait été enlevé devant chez lui, drogué, fourré dans un conteneur et expédié vers l'aéroport de Stansted.
Mais les hommes de main avaient oublié l'article 27-4 de la convention de Vienne, selon lequel une valise diplomatique doit être visiblement estampillée comme telle. Les douanes britanniques avaient pu ouvrir ce conteneur sans étiquette et récupérer Dikko en bonne santé.
Vingt ans plus tôt, en 1964, Mordechai Louk, un citoyen israélien d'origine marocaine, espion à Rome pour le compte de l'Egypte, avait été enlevé à une terrasse de café, drogué et placé dans un coffre marqué du sceau diplomatique égyptien. Il avait été libéré après qu'un garde d'aéroport l'eut entendu grogner dans sa prison mobile. Selon le Times de Londres, qui citait la police romaine, le coffre semblait avoir déjà été utilisé à plusieurs reprises pour de tels transferts.
Les douanes romaines s'appuyaient sur la fin de l'article 27-4, selon lequel "les colis constituant la valise diplomatique (...) ne peuvent contenir que des documents diplomatiques ou des objets à usage officiel". Ainsi, dans le cas d'Assange, il est peu probable que les douaniers britanniques, voyant arriver une valise de belle taille, ne demandent pas à l'ouvrir.
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Sortie discrète
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Combien de temps peut-il tenir ?
Un autre précédent pourrait inspirer les autorités britanniques, celui de Manuel Noriega, l'ancien dictateur du Panama. En 1989, alors que les Etats-Unis envahissaient le pays pour le déposer, Noriega se réfugia à l'ambassade du Vatican. Les troupes américaines installèrent de gigantesques enceintes autour du bâtiment, diffusant de la musique à très haut volume. Noriega se rendra au bout de dix jours. Jugé aux Etats-Unis, il sera condamné notamment pour trafic de drogue.
Source : http://www.lemonde.fr
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