Tuesday, June 12, 2012

Tensions religieuses et état d'urgence dans l'ouest de la Birmanie

L'Etat d'Arakan, dans l'ouest de la Birmanie, s'est réveillé, lundi 11 juin, sous état d'urgence, après des violences meurtrières entre bouddhistes et musulmans qui ont poussé le pouvoir à faire appel à l'armée pour restaurer la sécurité.

Les Nations unies ont évacué leur personnel de la région, où l'atmosphère est désormais irrespirable : aux alentours de Sittwe, capitale de l'Etat d'Arakan qui borde le Bangladesh, un journaliste de l'Agence France-Presse a vu des résidents incendier des bâtiments. Dans un village d'ethnie arakanaise majoritairement bouddhiste, de nombreux habitants patrouillaient armés de longs couteaux et de bâtons.
Dans les rues du centre-ville, où les restes calcinés d'habitations témoignaient des violences des jours précédents, presque aucun homme ne se déplaçait sans arme blanche. Des camions militaires étaient déployés à l'aéroport et des forces de l'ordre étaient visibles autour des mosquées et des pagodes.
Selon les médias officiels, les violences ont fait sept morts et 17 blessés depuis vendredi. Quelque 500 maisons ont été détruites. Plusieurs sources ont fait état de bilans nettement plus lourds, qui demeuraient invérifiables.

LES MUSULMANS STIGMATISÉS
Ces violences confessionnelles font suite au lynchage de dix musulmans, il y a une semaine, par une foule de bouddhistes en colère dans le sud de cet Etat. Ils voulaient venger le viol d'une femme.
L'Etat d'Arakan tient son nom de sa population, une ethnie bouddhiste. Mais il abrite aussi une importante communauté musulmane, d'origine indienne ou bangladeshi, ainsi que les Rohingyas, une minorité apatride considérée par l'ONU comme l'une des plus persécutées au monde. Tous ces musulmans sont fréquemment assimilés, dans le discours dominant, dans un même groupe stigmatisé comme étranger et dangereux.
Le président Thein Sein, qui affronte ainsi une des crises les plus graves depuis son arrivée au pouvoir en mars 2011, a décrété dimanche soir un couvre-feu et imposé l'état d'urgence. "Si les deux camps se tuent les uns les autres dans une haine et une revanche sans fin [...], cela pourrait se propager au-delà de l'Etat de Rakhine [nom donné par la régime actuel à l'Etat d'Arakan]", a-t-il estimé dans un discours à la nation.
Ces violences mettent en exergue les tensions religieuses sous-jacentes dans un pays où, soulignent les experts, être birman signifie généralement être bouddhiste. Les musulmans représentent officiellement 4 % de la population, à 89 % bouddhiste. La tension a conduit à des séries d'émeutes antimusulmanes dans le pays ces quinze dernières années, notamment dans cet Etat.

Source : http://www.lemonde.fr

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