Wednesday, June 6, 2012

Les militants de réhabilitation de Tiananmen arrêtés

Des centaines d'activistes des droits de l'Homme ont été interpellés en Chine dans une atmosphère tendue pour le 23e anniversaire de la répression du mouvement pro-démocratique de 1989.

Ils sont détenus depuis le printemps 1989. Certains protestataires du printemps de cette année-là qui manifestaient sur la place devenue funestement fameuse, celle de Tiananmen, croupissent encore dans les geôles chinoises. Washington profite du 23e anniversaire de la répression pour appeler à libérer ces prisonniers-là.
Une ingérence «dans les affaires intérieures de la Chine», selon Pékin. L'appel lancé dimanche par le département d'Etat américain constitue des accusations infondées contre le gouvernement chinois», a indiqué le porte-parole de la diplomatie chinoise, Liu Weimin, exprimant le «vif mécontentement» de son pays.
L'anniversaire de Tiananmen reste une date sensible pour le régime communiste, et particulièrement cette année avec les luttes de pouvoir en coulisse avant le 18e congrès du parti communiste chinois (PCC) cet automne, qui verra une nouvelle génération de dirigeants accéder au pouvoir.

Tiananmen: une rébellion
Plus de deux décennies après le mouvement dont la sanglante répression par l'armée avait fait des centaines, voire des milliers de morts, la Chine considère toujours celui-ci comme une «rébellion contre-révolutionnaire» et refuse d'envisager des compensations pour les proches des victimes.
«Le gouvernement et le Parti sont arrivés à une conclusion très claire sur cet incident», a souligné M. Liu. Près d'une dizaine de personnes restent emprisonnées pour leur implication dans les manifestations du «deuxième printemps de Pékin», pour lesquelles plus de 1 600 Chinois avaient été condamnés à des peines de prison, selon la fondation Duihua (Dialogue), dont le siège est aux Etats-Unis.

L'impossible commémoration
Le gouvernement s'efforce d'empêcher toute discussion publique ou commémoration des événements de 1989, et le sujet reste tabou pour les médias officiels. Sur les réseaux sociaux, toute recherche portant sur la date du 4 juin, le nombre 23 (pour 23e anniversaire) ainsi que le mot «bougie» était bloquée lundi.
A Pékin, près d'un millier de personnes venues de différentes régions ont été arrêtées dans les jours précédant le 4 juin et renvoyées dans leur province d'origine, a rapporté un pétitionnaire. «Un grand nombre de bus ont été amenés à la gare du Sud de Pékin samedi soir pour interpeller les pétitionnaires», selon Zhou Jinxia, qui est originaire du Liaoning (nord-est).
«Il y avait entre 600 et 1.000 pétitionnaires venus de toute la Chine. Ils ont relevé nos identités et ont commencé à nous renvoyer dans nos villes natales», a ajouté Zhou. Malgré la surveillance policière, plus de 80 militants des droits civiques se sont réunis sur une place de Pékin munis de banderoles et entonnant des slogans demandant une réhabilitation du mouvement de 1989.

Intimidation
«Nous avons crié à bas la corruption», a déclaré le militant Wang Yongfeng, originaire de Shanghai. Des photos postées sur l'internet de ce rassemblement montrent des manifestants munis de grandes pancartes sur lesquelles on peut lire: «Souvenez-vous de notre combat pour la démocratie, la liberté et les droits ainsi que des héros qui ont connu un sort tragique». Une manifestation similaire a eu lieu la semaine dernière à Guiyang (sud-ouest), où la police a par la suite arrêté au moins quatre organisateurs, selon l'organisation Chinese Human Rights Defenders (CHRD).
Comme les années précédentes, la surveillance des dissidents a été renforcée, a indiqué l'un des plus célèbres d'entre eux, Hu Jia, sur son microblog. Certains ont été intimidés, comme Yu Xiaomei, dans la province orientale du Jiangsu, qui a déclaré avoir été suivie par trois hommes lundi alors qu'elle sortait de chez elle. «J'ai reconnu l'un d'entre eux. Il m'avait détenue et frappée il y a deux ans. Je me suis enfuie, je n'ose pas ressortir aujourd'hui», a-t-elle dit.
La seule commémoration autorisée sur le sol chinois devait avoir lieu lundi soir à Hong Kong, territoire britannique rétrocédé à la Chine en 1997 qui jouit d'un statut spécial garantissant la liberté d'expression et de rassemblement. Une veillée aux chandelles à la mémoire des victimes pourrait y réunir 150.000 personnes, selon les organisateurs.

Source : http://www.24heures.ch

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