Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit mercredi 20 juin prêt à entrer dans le bastion rebelle syrien de Homs pour y évacuer les civils bloqués par la poursuite des combats, après avoir reçu la veille le feu vert des autorités et de l'opposition.
Les troupes du régime Assad bombardent depuis plusieurs jours des localités défendues farouchement par les rebelles, notamment Homs, en vue de les reprendre. Le 19 juin, le CICR a demandé aux parties en présence de faire respecter une "pause temporaire", explique-t-il dans un communiqué. "Les autorités ont officiellement accepté notre requête, et les groupes d'opposition nous ont donné les assurances qu'ils allaient respecter la pause", poursuit l'organisation basée à Genève.
Selon le CICR, des centaines de civils sont bloqués dans la vieille ville de Homs, ne pouvant ni fuir les combats ni trouver un refuge sur place en raison des combats. "Notre première priorité (...) est d'évacuer les malades et blessés vers des zones plus sûres, où ils peuvent être traités", a déclaré la responsable des opérations pour le Proche et le Moyen-Orient, Béatrice Mégevand-Roggo, citée dans le communiqué. "Nous voulons aussi d'évacuer les civils qui ont été incapables de fuir la zone de conflit", a-t-elle ajouté.
LES OBSERVATEURS DE L'ONU RESTERONT EN SYRIE
Dans l'ensemble du pays, cinquante-huit personnes ont été tuées mercredi dans les violences, notamment dans des combats entre les rebelles et l'armée qui compte 29 morts dans ses rangs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Dans la région de Homs, les forces armées pilonnaient "aux obus de mortier et par des hélicoptères" la ville de Rastane, hors du contrôle du régime depuis des mois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui fait état de la mort d'un enfant.
En dépit de l'escalade de la violence qui a conduit les Nations unies à suspendre leur mission dans le pays, les observateurs de l'ONU resteront en Syrie, a indiqué un responsable. Le général Robert Mood, le chef de la mission, avait auparavant décrit devant le Conseil de sécurité les violences dont les observateurs sont la cible depuis leur déploiement, soulignant que leurs véhicules avaient été touchés par des "tirs directs" à dix reprises et par des "tirs indirects" des centaines de fois. Il a toutefois jugé que les observateurs de l'ONU avaient "l'obligation morale" de rester en Syrie. Si les activités des observateurs sont suspendues, l'ONU a décidé "de ne pas toucher à la mission, à son mandat".
BAN KI-MOON VEUT UNE "PRESSION CONTINUE"
Le Conseil de sécurité, où deux résolutions contre le régime ont déjà été bloquées par Pékin et Moscou, se réunissait au lendemain d'un appel du président américain, Barack Obama, et de son homologue russe, Vladimir Poutine, à un "arrêt immédiat" des violences "afin de mettre un terme à l'effusion de sang".
Avant la réunion du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait quant à lui émis le souhait que les quinze membres du Conseil s'unissent pour mettre une "pression continue" sur le régime de Damas afin que celui-ci applique le plan Annan. Faute de quoi, "le jour viendra où il sera trop tard pour arrêter cette spirale" de la violence, a-t-il prévenu, alors que le plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan préconisant un cessez-le-feu et un dialogue politique est dans l'impasse.
Alors que les deux pays peinent à trouver un terrain
d'entente sur le dossier syrien, la secrétaire d'Etat américaine Hillary
Clinton rencontrera la semaine prochaine son homologue russe Sergueï Lavrov à
Saint-Pétersbourg, en marge d'une conférence sur les femmes et l'économie le 28
juin, a indiqué mercredi le département d'Etat.
Les Occidentaux jugent le président Bachar Al-Assad, dont ils réclament le départ, unique responsable de cette détérioration, alors que la Chine et la Russie, alliées du régime syrien, accusent également les rebelles. "Nous pensons que personne n'a le droit de décider pour d'autres pays qui devrait être au pouvoir ou pas", a déclaré mardi le président russe, Vladimir Poutine, à l'issue du sommet du G20 au Mexique. Mais la Russie et la Chine sont conscientes du risque de guerre civile en Syrie, sans adhèrer encore à un plan international pour renverser Bachar al-Assad, a déclaré mardi le président américain, Barack Obama.
Londres s'est par ailleurs félicité mardi du demi-tour qu'a apparemment dû effectuer un cargo russe soupçonné d'avoir tenté de rapatrier en Syrie des hélicoptères d'attaque Mi-25 remis en état par la Russie des années après leur vente à Damas par l'URSS. Un porte-parole du Pentagone a de son côté affirmé que la Russie se préparait à dépêcher trois navires, transportant des vivres et vraisemblablement des soldats, pour protéger le port syrien de Tartous, seule base navale russe en Méditerranée.
NOUVEAU TRAIN DE SANCTIONS
L'affaire du cargo russe a décidé l'Union européenne à
préparer un nouveau train de sanctions contre la Syrie, où il est précisé que
les assurances de livraisons d'armes sont elles aussi concernées par l'embargo
sur les ventes d'armes à la Syrie, a-t-on appris de sources diplomatiques
européennes. Ces nouvelles sanctions, qui viennent s'ajouter à une quinzaine de
trains de sanctions successifs édictés par l'UE en un an, ajoutent également
cinq sociétés et une personne aux listes des gels d'avoirs et interdictions de
visa.
Ce dernier point a déjà fait l'objet d'un accord mercredi à
Bruxelles lors des discussions entre représentants des 27 Etats membres, a
précisé un diplomate européen. Le reste devrait être endossé lundi par les
ministres des affaires étrangères européens à Luxembourg, avant une publication
mardi au Journal officiel.
Source : http://www.lemonde.fr
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