Le médiateur international Kofi Annan s’est déclaré hier horrifié par le nouveau massacre à Al-Koubeir, au centre de la Syrie, et a souhaité une action internationale plus ferme et plus unie pour faire respecter son plan de paix.
S’adressant à l’Assemblée générale de l’ONU, M. Annan a reconnu que son plan de paix en Syrie « n’est pas appliqué » et a souhaité une pression accrue sur Damas. « En même temps que nous demandons l’application des lois internationales et du plan en six points, il faut clairement dire qu’il y aura des conséquences si le plan n’est pas appliqué », a-t-il affirmé. Il faut également « baliser plus clairement la voie vers une transition pacifique » en Syrie. Cette transition vers la démocratie, par un dialogue entre pouvoir et opposition, est un des six éléments du plan de paix.
L’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe a exprimé « son horreur et sa condamnation à la suite du nouveau massacre de dizaines de civils dont des femmes et des enfants » commis mercredi à Al-Koubeir, dans la province de Hama. « Les responsables doivent être sanctionnés. Nous ne pouvons pas laisser les massacres devenir la réalité quotidienne en Syrie », a-t-il déclaré en déplorant que « la crise s’aggrave ».
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait auparavant qualifié de « scandaleux et révoltant » le massacre d’Al-Koubeir. Il a indiqué que des observateurs de l’ONU qui tentaient de se rendre sur le lieu du dernier massacre commis en Syrie près de Hama avaient été la cible de tirs. Des armes lourdes, des balles perforantes et des drones ont été utilisés contre ces observateurs.
Les diplomates qui ont assisté à la réunion à huis clos du Conseil de sécurité ont indiqué que, selon Ban Ki-moon, cette tactique visait à forcer les observateurs à se retirer de régions où les forces syriennes ont été accusées de mener des attaques.
« Si les choses ne changent pas [en Syrie], a prédit Kofi Annan, l’avenir sera sans doute la répression brutale, les massacres, le conflit interreligieux et une guerre civile totale. Tous les Syriens seront perdants. » Rappelant que la communauté internationale soutenait son plan de manière unie, il l’a appelée à « élever le niveau de cette unité » et à agir vite pour mettre fin à la violence et résoudre la crise syrienne. « Il est évident que le temps est venu de déterminer ce que nous pouvons faire de plus pour garantir l’application de ce plan et/ou quelles autres options existent pour traiter cette crise », a-t-il expliqué, sans faire de propositions précises. « Si nous nous rassemblons vraiment et parlons d’une seule voix, je pense qu’il est possible d’éviter le pire et de permettre à la Syrie de sortir de cette crise », a-t-il conclu.
M. Ban a lui aussi invité les grandes puissances à « réfléchir aux moyens de d’agir de manière plus efficace, étant donné la détérioration de la situation. Personne ne peut prédire comment la situation en Syrie va évoluer, a-t-il souligné, nous devons nous préparer à toute éventualité et être prêts à réagir à plusieurs scénarios ».
Le secrétaire général de la Ligue arabe, e Nabil al-Arabi, qui participait lui aussi à cette réunion informelle de l’Assemblée générale, a préconisé des sanctions économiques et diplomatiques contre la Syrie.
Sur le terrain
Les troupes syriennes ont bombardé violemment hier Talbissé, semant la panique dans cette localité de la province de Homs, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et des vidéos de militants. Trois civils, dont une enfant, et un rebelle ont été tués dans cette ville, située à 10 kilomètres de la frontière libanaise, qui était bombardée par des hélicoptères.
Des images diffusées par la chaîne satellitaire arabe Al-Arabiya montrent des habitants en fuite dans une rue, poursuivis par un nuage de poussière, dans un vacarme de puissantes explosions. Des hommes armés évacuant un blessé en toute hâte sont également visibles.
Dans la même province, deux civils ont été tués dans la ville même de Homs, dont un dans le quartier de Jobar, bombardé par les forces régulières, et un troisième par des tirs venus d’un barrage à Kafar Aya.
Au total, 28 personnes, dont 19 civils, ont été tués hier en Syrie, au lendemain du massacre à Al-Koubeir (centre) qui a fait 55 morts, dont des femmes et des enfants, tués selon l’opposition et l’OSDH par des forces fidèles au régime. Damas a démenti que ce massacre ait eu lieu.
Dans la province de Lattaquié (nord-ouest), où des renforts ont été envoyés vers la région d’Al-Haffa, huit civils ont été tués dans des bombardements, et deux rebelles et quatre soldats ont péri dans des combats, selon l’ONG. Au moins 35 autres militaires ont été blessés. Dans la province d’Alep, un civil a été tué par les tirs venus d’un barrage à la périphérie de la ville d’Azaz et un autre a péri dans un bombardement de la localité de Deir Jamal par les forces régulières qui tentent de reprendre cette ville des mains des rebelles.
Dans la ville de Douma, province de Damas, un civil a été tué par balles et dans la capitale, un autre a été tué dans le quartier de Qaboun, traditionnellement anti-régime. Un civil a été tué par ailleurs à Ariha dans la province d’Idleb (nord-ouest) par un tireur embusqué. À Deraa (sud), un juge militaire et un officier ont été tués par balles alors qu’ils se trouvaient devant le bâtiment abritant le tribunal de la ville, selon l’OSDH.
Source : http://www.ledevoir.com
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