Wednesday, May 30, 2012

Kofi Annan, en visite à Damas, se dit « horrifié » par le massacre de Houla

Après Houla, c’est la grande ville de Hama qui était hier sous le feu de l’artillerie syrienne où les opposants craignent de nouveaux massacres. Selon une personnalité de l’opposition, Abdel Hamid al-Atassi, une cinquantaine de civils y auraient déjà été tués, un chiffre impossible à vérifier.

La vieille cité, qui fut déjà terriblement châtiée en 1985 pour s’être soulevée, - environ 15 000 morts - est cible d’une offensive des forces gouvernementales sur des quartiers résidentiels en représailles de la mort de soldats dans des affrontements avec des déserteurs.


À l’évidence, l’arrivée hier de Kofi Annan n’a en rien changé les ardeurs répressives du régime. Le médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe a qualifié le massacre perpétré vendredi à Houla, où 108 personnes, dont une cinquantaine d’enfants, ont trouvé la mort, d’« acte répugnant aux conséquences profondes », mais il s’est gardé d’accuser directement Damas. La tuerie met pourtant sérieusement à mal son plan de paix, l’Armée syrienne libre ayant déclaré qu’elle ne se sentait plus tenue de le respecter.

Damas a de son côté nié « totalement toute responsabilité gouvernementale dans ce massacre terroriste ». Une commission conjointe armée et justice, chargée par Damas d’enquêter sur ces violences, doit publier ses conclusions demain.

À Houla, où de nouvelles manifestations se sont déroulées hier pour le troisième jour consécutif pour dénoncer le massacre, on pouvait lire sur une banderole « L’ONU nous tue », témoignage de la colère grandissante des militants contre la communauté internationale accusée d’inaction.

La veille, le Conseil de sécurité de l’ONU avait certes condamné les autorités syriennes, dénonçant dans une déclaration adoptée à l’unanimité « une série de bombardements par les tanks et l’artillerie gouvernementale contre un quartier résidentiel ». Il avait aussi exigé que Damas cesse immédiatement d’utiliser des armes lourdes dans les villes rebelles et retire ses forces de celles-ci, conformément au plan Annan.

La Russie, alliée de Damas, s’est alors jointe à ses 14 partenaires, témoignant d’un léger infléchissement dans sa politique de soutien au régime. Marche arrière hier puisque Moscou a accusé « les deux parties [en conflit] d’avoir participé » au massacre et certains pays étrangers de faire le jeu de la spirale de la violence en visant avant tout un changement de régime à Damas. Hier, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré : « Nous ne soutenons pas le gouvernement syrien. Nous soutenons le plan de Kofi Annan. » Il a souligné qu’il était plus important de mettre fin à la violence que de « se préoccuper de qui est au pouvoir en Syrie ». De son côté, la Chine a utilisé des mots très durs pour condamner « la cruelle tuerie de citoyens ordinaires, surtout des femmes et des enfants ». Mais là encore pas de condamnation directe de Damas.

Hier, le Conseil national syrien, principale coalition de l’opposition, a lancé un appel à « tous les amis du peuple syrien » pour qu’ils lui fournissent « immédiatement et avant qu’il ne soit trop tard des moyens efficaces d’autodéfense ».

Le président français, François Hollande, et le premier ministre britannique, David Cameron, ont pour leur part convenu d’accroître la pression sur M. Assad et ont confirmé la prochaine tenue à Paris de la troisième conférence des Amis du peuple syrien.

Après le massacre de Houla, le plan Annan en six points, prévoyant, outre une trêve, un dialogue politique, est sur la sellette. Le chef démissionnaire du CNS, Burhan Ghalioun, a appelé dimanche la population à prendre les armes si l’ONU n’intervenait pas par la force.

La veille, l’Armée syrienne libre (ASL), composée essentiellement de déserteurs, avait averti qu’elle ne serait plus liée par le plan Annan si l’ONU n’agissait pas rapidement.


Source :  http://www.ledevoir.com

No comments:

Post a Comment