Une nouvelle fois, l'attention de l'Europe et celle du monde vont se tourner vers la Grèce.
Dans l'espoir que ce pays commence enfin à émerger de la crise terrible
dans laquelle il s'est plongé. Avec la crainte, tout aussi grande,
qu'il n'y parvienne pas.
Dimanche 6 mai, les Grecs se rendent aux urnes pour élire un nouveau
Parlement. Six mois après le psychodrame qui a conduit à la démission du
premier ministre socialiste Georges Papandréou et à son remplacement par l'ancien vice-président de la Banque centrale européenne, Lucas Papadémos, ce doit être un nécessaire moment de vérité.
Qui plus est, dans le berceau de la démocratie, l'élection reste le premier moyen d'engager un débat national approfondi, de clarifier les responsabilités et les projets des uns et des autres, d'exprimer
les inquiétudes, les colères et les attentes des citoyens, enfin de
refonder la légitimité de ceux qui, demain, auront la charge de sortir le pays de l'ornière.
Jamais en Grèce, depuis la fin de la guerre, un scrutin n'a été aussi crucial. Son enjeu n'est rien de moins que la place du pays dans l'Europe et dans la zone euro ; et sa capacité à surmonter sa faillite actuelle.
Rarement, pourtant, une élection aura été aussi peu porteuse d'espérances. Accablé, écoeuré et déboussolé, le peuple grec va voter,
dimanche, dans un mélange de peur, de colère et de résignation.
Rarement, par conséquent, le résultat d'une telle consultation aura été
aussi incertain. Tout y contribue : l'éparpillement des candidatures, le
discrédit des responsables politiques - de gauche comme de droite -, la
montée des extrémismes, l'indécision des électeurs. Rien ne garantit,
bien au contraire, que ce scrutin permette de surmonter l'instabilité et de former un gouvernement capable de prendre et d'appliquer les rudes décisions qui l'attendent.
A cet égard, le spectacle de la campagne électorale est inquiétant :
les deux partis qui constituent l'actuel gouvernement - le Pasok, à
gauche, et Nouvelle Démocratie, à droite -, ont de bonnes chances de devoir poursuivre
leur cohabitation. Pourtant, ils ont fait campagne l'un contre l'autre
comme au plus beau temps de ce bipartisme clientéliste qui a tant
paralysé la Grèce. Face à eux, la gauche hostile aux plans d'aide européens n'a pas su construire une alternative crédible. A l'opposé, l'entrée possible au Parlement d'un parti fasciste, L'Aube dorée, fait peser une lourde menace sur un pays traumatisé par sept ans de junte militaire, de 1967 à 1974.
A la demande de l'Europe, du FMI et de la Banque mondiale, le
gouvernement de Georges Papandréou avait fait la liste de 180
professions dites "fermées", des avocats aux pharmaciens, qui
bénéficiaient de privilèges destinés à les protéger d'une trop forte
concurrence. Une profession fermée est restée protégée, on s'y succède
de père en fils, en toute impunité : celle des hommes politiques grecs.
Elle est à réformer d'urgence. On peut, hélas, douter que le scrutin du 6 mai y contribue.
Source : http://www.lemonde.fr
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