Les heurts confessionnels entre Libanais pro et anti-régime syrien ont fait cinq morts lundi 14 mai dans le nord du Liban, où des tirs à l'arme automatique et de roquettes empêchaient l'armée de se déployer.
Au total, huit personnes ont péri et une cinquantaine d'autres ont
été blessées depuis le début samedi soir de ces affrontements entre
résidants de quartiers majoritairement sunnites et hostiles au régime
syrien, et des quartiers alaouites et sympathisants du régime du
président Assad.
Ces heurts ont éclaté après des échanges de tirs samedi soir entre
l'armée libanaise et des islamistes réclamant la libération d'un des
leurs, Chadi Al-Mawlawi, soupçonné de "terrorisme" par les autorités, mais qui n'est selon les manifestants qu'un sympathisant de la révolte en Syrie. Il a été inculpé lundi par la justice
mais ses partisans, qui organisent un sit-in depuis samedi, ont prévenu
qu'ils maintiendraient leur mobilisation s'il n'était pas libéré.
Lundi 14 mai, ils étaient environ 500 en fin d'après-midi dans un camp improvisé à bloquer la route principale reliant Beyrouth à Tripoli avec des bennes à ordure et des pneus auxquels ils avaient mis le feu. "Nous partirons quand Chadi sera libéré", a affirmé Abdel Qader Hamid, militant salafiste, ajoutant : "Si l'armée essaye de nous forcer à partir, nous nous défendrons, même si 100 d'entre nous doivent mourir".
UNE SITUATION "HORS DE CONTRÔLE"
Le parlementaire tripolitain Mouin Al-Meraabi a accusé l'armée de laisser la situation empirer "pour plaire à Damas" qui ne veut en aucun cas que les rebelles ou les réfugiés syriens "voient en Tripoli une zone sécurisée".
"La situation est hors de contrôle mais l'armée ne veut pas intervenir sans un soutien politique. Nous leur avons demandé d'entrer dans la zone en leur disant que nous pouvions même marcher devant eux, mais l'armée a refusé", a ajouté le député.
De son côté, un responsable de la sécurité a estimé sous le couvert de l'anonymat que les autorités finiraient par reprendre le contrôle de la situation mais que cela prendrait du temps car la rue est toujours en ébullition.
Les autorités syriennes affirment que des armes et des combattants passent clandestinement depuis le Liban pour venir en aide aux rebelles qui cherchent à renverser le régime Assad, après 14 mois de révolte réprimée dans le sang. Le Liban
est divisé entre le camp du Hezbollah, qui domine le gouvernement avec
le soutien de Damas et Téhéran, et l'opposition, soutenue par Washington
et l'Arabie saoudite et hostile au régime syrien.
LA "RETENUE" POUR ÉVITER LE "CHAOS"
Plusieurs dirigeants politiques ont lancé des appels au calme pour mettre
fin à ces heurts confessionnels sur fond de crise politique en Syrie,
fréquents dans le nord du Liban, pays longtemps sous tutelle politique
et militaire de la Syrie voisine. Parmi eux, le premier ministre Najib Mikati, sunnite et originaire de Tripoli, principale ville du nord du Liban, où il s'est rendu dimanche, ainsi que Saad Al-Hariri, également sunnite et dirigeant de l'opposition anti-syrienne, qui a appelé à la "retenue" pour éviter le "chaos", dénonçant toutefois les conditions de l'arrestation de M. Mawlawi.
De son côté, la France a condamné les violences meurtrières survenues ces derniers jours à Tripoli et appelle les Libanais à ne pas importer le conflit syrien, a déclaré lundi le ministère des affaires étrangères français. "La France appelle tous les Libanais à faire
prévaloir l'intérêt du Liban sur toutes autres considérations et à
privilégier le dialogue, l'unité nationale et la paix civile afin
d'éviter d'importer dans le pays un conflit qui n'est pas le leur", a souligné dans une déclaration le porte-parole du ministère, Bernard Valero.
Source : http://www.lemonde.fr
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