Tuesday, April 24, 2012

Le Soudan du Sud dit s'être retiré de Heglig, où l'ONU parle de milliers de déplacés

Des avions bombardiers soudanais ont lancé, lundi 23 avril, un nouveau raid contre la ville frontalière de Bentiu, au Soudan du Sud, capitale de l'Etat pétrolifère d'Unité. De fortes explosions ont secoué la localité alors que plusieurs bombes étaient larguées près d'un pont stratégique et d'un marché, tuant au moins deux enfants et blessant plusieurs civils.

Ce bombardement, démenti par Khartoum, intervient au lendemain de l'annonce, dimanche, par l'armée sud-soudanaise de son retrait total de la zone pétrolifère d'Heglig, située à la frontière entre les deux Soudans et revendiquée par les deux pays, après un risque de guerre ouverte.
L'armée soudanaise a célébré lundi, en présence du président Omar el-Béchir, la reconquête de cette zone. "Pas de négociations avec ces gens", a promis M. Béchir à propos du gouvernement sud-soudanais, qu'il avait qualifié d'"insecte" la semaine dernière. "Avec eux, nous négocions avec des fusils et des balles", a-t-il ajouté, en dépit des appels de la communauté internationale.

FUITE DE CINQ MILLE PERSONNES
Selon les Nations unies, qui citent la commission des affaires humanitaires soudanaise, les combats ont entraîné la fuite de toute la population civile de Heglig et des villages voisins. Jusqu'à cinq mille personnes seraient parties, essentiellement vers le nord, à une centaine de kilomètres. Selon le Croissant-Rouge, cité par l'ONU, les déplacés seraient "éparpillés dans la brousse" ou "sans abri". Environ douze cents soldats sud-soudanais ont par ailleurs été tués dans les combats, a annoncé lundi le commandant de l'armée soudanais.
Le site pétrolier, crucial pour le Soudan, serait très endommagé. Un réservoir ainsi que huit générateurs ont été détruits par des incendies tandis que du pétrole se répandait sur le sol du site. Abdel Azim Hassan, un ingénieur soudanais, a accusé les troupes sud-soudanaises d'avoir saboté les installations pétrolières de Heglig, qui représentaient la moitié de la production pétrolière soudanaise.

ZONE "LIBÉRÉE"
Depuis la fin de mars, Heglig est au cœur d'affrontements Nord-Sud sans précédent depuis que le Soudan du Sud est devenu indépendant du Soudan, en juillet 2011. Dans les derniers jours de mars, les troupes sud-soudanaises avaient déjà brièvement pris la zone aux Soudanais et les violences se sont intensifiées à partir du 10 avril, quand les hommes de Juba ont l'occupée plus durablement.
Juba avait annoncé dès vendredi avoir ordonné l'évacuation de Heglig à ses troupes, affirmant répondre aux demandes de la communauté internationale. Selon le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, le retrait s'est achevé samedi. Signe d'une situation encore extrêmement critique sur le terrain, Khartoum assure avoir en fait "libéré" la zone. Et dimanche, l'armée sud-soudanaise a encore accusé le Nord d'agressions sur son territoire. Le vice-directeur du renseignement militaire sud-soudanais a même parlé d'une "grave invasion" du territoire du Sud, assurant que les troupes soudanaises, depuis "repoussées", avaient provoqué des combats jusqu'à dix kilomètres après la frontière.

L'UE ENVISAGE DES SANCTIONS
L'Union européenne pourrait imposer des sanctions si les gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud continuent à ne pas tenir leurs engagements, a mis en garde lundi à Luxembourg le ministre français chargé de la coopération, Henri de Raincourt.
Dans une déclaration adoptée lundi, les ministres des affaires étrangères européens appellent les deux pays à "cesser immédiatement leurs attaques respectives sur le territoire de l'autre". "Le recours à la force ne résoudra pas les problèmes à régler entre les deux pays", estiment-ils, les appelant à retourner à la table des négociations.

Source : http://www.lemonde.fr

No comments:

Post a Comment