Thursday, April 26, 2012

Après douze semaines de grève, les négociations s'ouvrent avec les étudiants Québecois

La ministre de l'éducation québécoise rencontre depuis lundi 23 avril les étudiants qui protestent contre une hausse, étalée sur cinq ans, de 75 % des droits de scolarité dans les universités. Une possible trêve après une grève qui dure depuis douze semaines.

Environ 170 000 étudiants québécois sont en grève depuis mi-février. Ils tentent de faire revenir le gouvernement sur sa décision d'augmenter d'ici à 2017 de 1 650 dollars les droits annuels de scolarité. Ceux-ci sont actuellement beaucoup moins élevés qu'aux Etats-Unis et qu'ailleurs au Canada, mais plus onéreux que dans nombre de pays européens. Ils avoisinent 2 200 dollars par an, plus des "frais afférents" imposés par les universités, facture la moins chère parmi les provinces canadiennes.
Selon l'Institut économique de Montréal, "les universités souffrent de lacunes importantes en matière de bibliothèques, de laboratoires et d'équipements informatiques". De plus, elles rencontreraient des difficultés concernant l'embauche des meilleurs professeurs, les autres provinces faisant jouer la compétitivité sur les salaires.
Le Plan de financement des universités québécoise d'une durée de six ans prévoit de faire augmenter de 25 % les revenus des universités d'ici à 2017, soit une hausse de 850 millions de dollars. En contrepartie de l'augmentation des droits de scolarité, le gouvernement dit vouloir améliorer le régime de prêts et bourses aux étudiants. En 2017, 35 % de la hausse des frais de scolarité seront versés à ce programme, qualifié de "poudre aux yeux" par les organisations étudiantes.

DES MANIFESTATIONS MONSTRES MAIS DES ÉTUDIANTS DIVISÉS
Après douze semaines, le conflit, le plus long de l'histoire du Canada, ne s'essouffle pas. A Montréal, la dernière manifestation, dimanche 22 avril, a mobilisé 250 000 personnes. Jeudi 19 avril, une marée humaine de 200 000 étudiants et sympathisants avait déjà pris d'assaut les rues de la capitale. "On veut étudier, on ne veut pas s'endetter", "Un peuple instruit jamais ne sera vaincu", "A qui la rue, à nous la rue", scandaient des dizaines de milliers d'étudiants.
Dans les rues de Québec, les anti-hausse, pour qui l'éducation supérieure est un droit, et doit être gratuite, arborent sur leurs vêtements un carré de tissu rouge tandis que les pro-hausse, moins nombreux à s'afficher publiquement, arborent un carré de tissu vert. Sur les campus des universités, l'ambiance est pesante. Les agents de sécurité patrouillent pour vérifier l'identité des étudiants présents dans les classes. Les cours dans les universités sont boycottés par les étudiants ou les professeurs et une dizaine d'institutions est fermée. Les tribunaux continuent à être saisis de demandes d'injonction provenant d'étudiants qui veulent la reprise des cours, comme à Sherbrooke et Gatineau.

UN MOUVEMENT QUI S'ENLISE
Le mouvement étudiant multiplie les manifestations depuis douze semaines avec l'appui de certains partis, ainsi que d'une large part de la société civile.
Le conflit s'est enlisé ces dernières semaines avec de violents affrontements entre policiers et groupes de casseurs ou le saccage du bureau de la ministre de l'éducation, Line Beauchamp, par une quinzaine d'individus en marge d'une manifestation à Montréal. Les derniers heurts ont eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi dans la capitale alors qu'une centaine de manifestants ont fait irruption lors d'une conférence sur le développement minier du Grand Nord de la province francophone canadienne, projet phare du premier ministre québécois, Jean Charest.
Dix-huit personnalités québécoises ont signé une déclaration solennelle demandant au gouvernement québécois d'ouvrir un dialogue avec les associations étudiantes, au lendemain de ces heurts.

UNE TRÊVE S'AMORCE-T-ELLE ?
Line Beauchamp a entamé lundi 23 avril une rencontre avec onze délégués des trois fédérations étudiantes en grève pour tenter de trouver une solution au conflit."Les discussions doivent se mener dans un mode de solutions rapides. Je pense qu'on doit se donner un horizon de 48 heures" pour régler ce conflit, a-t-elle expliqué.
Line Beauchamp a ouvert la voie à ce premier dialogue sur les prêts et bourses pour les étudiants à condition que ces organisations dénoncent la violence étudiante. Les mouvements étudiants veulent quant à eux discuter des droits de scolarité, et non des seuls prêts et bourses. Le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Léo Bureau-Blouin, a relevé le changement de ton du gouvernement, qui refusait au début du conflit de discuter de la hausse des frais de scolarité. "On sent également le discours s'adoucir du côté des droits de scolarité à l'université donc je pense que ce sont des pas dans la bonne direction, a-t-il dit. Je pense également que le gouvernement du Québec se rend compte qu'il doit régler cette crise qui a pris une ampleur sans précédent."
La ministre de l'éducation a indiqué que les pourparlers se déroulaient "sur un ton respectueux" et qu'en raison de ce climat positif, elle entendait "laisser les discussions se faire".

Source : http://www.lemonde.fr

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