Tuesday, March 6, 2012

Syrie : l'aide humanitaire toujours bloquée devant Baba Amro

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) indique être toujours en négociation lundi avec les autorités syriennes pour entrer à Baba Amro, quartier rebelle de Homs.

Aux abords de ce quartier assiégé et pilonné pendant près d'un mois, où vivres et médicaments font cruellement défaut, un convoi de sept camions chargés d'une aide d'urgence du CICR aux habitants attend pour le quatrième jour consécutif le feu vert du régime pour entrer.

Les autorités avancent des raisons de sécurité, en particulier la présence de bombes et de mines sur la chaussée, pour justifier ce délai. Des journalistes de la chaîne officielle sont toutefois présents depuis plusieurs jours pour faire des reportages à Baba Amro, "désinfecté" selon eux des "groupes terroristes armés". D'après des militants, le régime cherche à gagner du temps afin de cacher ses "crimes". La télévision syrienne montre notamment des opérations de nettoyage de la ville.

Damas ignore ainsi la demande du Conseil de sécurité des Nations unies, faite jeudi 1er mars, "d'autoriser un accès libre, total et immédiat du personnel humanitaire" à la population civile. Depuis un an, la répression en Syrie a fait au moins 7 600 morts, selon l'ONU.
La responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, a annoncé qu'elle se rendrait en Syrie à partir de mercredi, pour trois jours, pour tenter d'obtenir un accès humanitaire "sans entrave". Mme Amos n'était pas assurée de pouvoir se rendre dans les villes où les violences ont lieu, selon sa porte-parole. L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, se rendra quant à lui le 10 mars à Damas, a indiqué lundi le patron de l'organisation panarabe, Nabil Al-Arabi.


EXODE VERS LE LIBAN
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 2 000 Syriens qui disent fuir des bombardements dans la zone frontalière sont arrivés dimanche au Liban. "Nous avions des chiffres comparables en avril, mais le flot s'était stabilisé depuis", a commenté Dana Sleiman, porte-parole de l'organisation. Selon un correspondant de Reuters sur place, les tirs étaient audibles du côté libanais de la frontière. Les effectifs de l'armée libanaise ont été renforcés dans le secteur et plusieurs centaines de militaires ont été déployés à Beyrouth, où pro et anti-Assad ont manifesté chacun de leur côté.
D'intenses combats ont par ailleurs éclaté dans la nuit à Deraa, dans le Sud, après l'attaque coordonnée de barrages routiers tenus par l'armée, rapportent des opposants. L'Armée syrienne libre a attaqué simultanément plusieurs barrages et des positions fortifiées dans les rues. Les chars ripostent en tirant dans des quartiers résidentiels et des tireurs d'élite de l'armée ouvrent le feu sur tout ce qui bouge, même des sacs en plastique.

Selon l'opposition, les combattants de l'Armée syrienne libre multiplient depuis quelques jours les coups de main dans le Sud, le Nord et l'Est pour faire diversion et alléger les souffrances des habitants d'Homs. Des bombardements sont par ailleurs signalés à Rastan, au nord de Homs, et l'armée serait intervenue à Hama.

FRAPPES AÉRIENNES
Aux Etats-Unis, le sénateur républicain John McCain a demandé lundi des frappes aériennes américaines afin "d'établir et de défendre des sanctuaires en Syrie, en particulier dans le Nord, dans lesquels l'opposition puisse s'organiser et préparer ses activités politiques et militaires contre Assad". Le candidat malheureux à la présidentielle de 2008 a estimé, selon des extraits d'un discours publiés à l'avance, que cette intervention demanderait "aux Etats-Unis de supprimer les défenses antiaériennes ennemies au moins dans une partie du pays".
M. McCain est le premier responsable américain de ce niveau à parler de frappes aériennes en Syrie. Ni l'administration Obama, ni les élus du Parti démocrate n'ont parlé à ce jour d'une telle action militaire. Plus tôt dans la journée, le sénateur républicain Lindsey Graham avait plaidé pour l'envoi d'armement aux insurgés par le biais de la Ligue arabe et pour l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne.

PRESSIONS SUR MOSCOU
Par ailleurs, après l'élection de Vladimir Poutine à la présidence de la Russie, dimanche, la communauté internationale fait pression pour faire cesser le blocage russe de toute résolution au Conseil de sécurité de l'ONU. Le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, doit s'entretenir prochainement avec ses homologue de la Ligue arabe, au Caire, a fait savoir dimanche l'organisation. Moscou a déjà bloqué avec Pékin deux résolutions du Conseil condamnant la répression.

L'Union européenne, par la voix de la chef de sa diplomatie Catherine Ashton, a exhorté la Russie à "reconnaître la nécessité d'un nouveau pouvoir" en Syrie. "Il faut que la communauté internationale agisse en Syrie pour acheminer de l'aide humanitaire à Homs. Il faut que la Russie nous aide à atteindre cet objectif", a fait valoir, lundi, Mme Ashton.
Un nouveau projet de résolution sur la Syrie, préparé par les Etats-Unis pour le Conseil de sécurité des Nations unies et qui ne diffère que peu du précédent projet, demande que les agences humanitaires puissent se rendre sans entraves dans plusieurs villes de Syrie et appelle à la fin des violences, selon des sources diplomatiques.

Source : http://www.lemonde.fr
 

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