Thursday, December 1, 2011

Pauvreté et misère extrêmes

Attawapiskat — Pour les habitants d'Attawapiskat, tout répit semble impossible. Ils vivent sur une parcelle de terre ensevelie sous la neige près de l'endroit où la rivière Attawapiskat se jette dans la baie James. Vu du ciel, leur village blanc et compact brille sous le soleil. Les nuages de fumée émanant des nombreux poêles à bois embaument l'air alors que les chiens, les camionnettes et les motoneiges se partagent les larges rues.

Cette sérénité est toutefois trompeuse. La pauvreté et la misère noire sont profondément enracinées dans la petite communauté crie, au point où les portes d'acier cabossées, censées protéger les maisons du froid, ne parviennent plus à les contenir. Certaines résidences n'ont même pas de porte. Comme l'a déclaré le député néodémocrate Charles Angus, il s'agit du «Ground Zero» de cette tragédie canadienne.

Attawapiskat, comme plusieurs réserves, souffre d'un grave manque de logements. Les familles s'entassent dans les minuscules maisons alignées le long des quelques rues qui forment le village. D'autres ont été évincées de leur résidence et ont été obligées de s'abriter dans des cabanes, des tipis, des tentes ou d'immenses roulottes de chantier fournies par l'entreprise De Beers, qui exploite une mine de diamants à environ 80 km de la communauté.

Ces familles manquent de tous les services essentiels à la vie dans le Nord: eau courante, système de plomberie, isolation suffisante et chauffage adéquat.

Même si De Beers a fait de l'embauche des résidants d'Attawapiskat l'une de ses priorités, une faible fraction de ces salaires sert à remédier aux conditions de vie pitoyables de la communauté, soit parce que les mineurs déménagent, soit parce qu'ils trouvent la réserve trop restrictive pour y investir leurs économies.

Climat extrême

Le résultat est une pauvreté endémique dont rien ne vient briser le cercle vicieux, selon les habitants et les dirigeants locaux. «C'est un endroit où il est très difficile de vivre confortablement», a affirmé Tom Ormsby, le directeur des affaires externes et d'entreprise pour la mine Victor de De Beers, qui était de passage à Attawapiskat pour y organiser un salon de l'emploi. «Le climat est extrême, l'éloignement est extrême, ce sont des conditions de vie très, très, très dures.»

Tout près de l'édifice bleu vif qui abrite les bureaux du conseil de bande, Lisa Kiokee-Linklater vit dans une tente où une toile goudronnée fait office de porte. Lors du passage de La Presse canadienne, elle regardait la télévision avec deux de ses quatre jeunes enfants.

Deux matelas reposent sur le sol et chacun sert de lit à trois personnes. L'un deux est rongé par la moisissure. L'abri n'a ni eau courante ni salle de bain, et le plancher non isolé est glacial. La dame utilise des couches pour les petits et les toilettes de sa belle-famille pour elle-même. C'est Lisa Kiokee-Linklater qui a décidé de déménager dans cette tente. «Oui, c'est un peu mieux, a-t-elle lancé. Mais durant l'hiver, il fait froid. Je coupe le nombre de bains parce qu'il fait trop froid.»

Parmi les étrangers qui se sont rendus à Attawapiskat figuraient la chef par intérim du Nouveau Parti démocratique, Nycole Turmel, et M. Angus, le député de la région. Tous ces visiteurs essaient de trouver des solutions à la crise du logement qui sévit actuellement dans la communauté. Des couvertures et d'autres items essentiels ont été envoyés là-bas, alors que les autorités discutent de ce que le gouvernement fédéral pourrait faire pour aider le conseil de bande à régler les problèmes les plus urgents. Mais les mesures qui, à long terme, permettraient au village d'échapper définitivement à la pauvreté demeurent lointaines.

L'Assemblée des Premières Nations estime que les réserves partout au Canada auraient besoin de quelque 80 000 nouvelles maisons.

Source : http://www.ledevoir.com

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