Pendant que les Etats européens sont en pleine surchauffe financière, la conférence internationale de Durban sur le changement climatique s’est transformée en une négociation de dupes.
Le paradoxe réside dans l’histoire même du réchauffement de la planète. Selon l’immense majorité des climatologues, ce phénomène est largement le résultat des émissions de gaz à effet de serre (GES) produits depuis le début de l’ère industrielle. Ce sont donc les pays développés, c'est-à-dire essentiellement l’Europe et les Etats-Unis, qui sont responsables de cette situation. Leur croissance économique fondée sur l’industrie et le transport a exploité le charbon, le pétrole et le gaz comme sources principales d’énergie. Autant de ressources productrices de GES, CO2 en tête. Or, voilà qu’aujourd’hui l’Europe prétend mettre sous pression les pays en voie de développement rapide, la Chine et l’Inde en particulier, pour qu’ils acceptent de limiter leurs émissions de CO2.
Au-dessus de ses moyens climatiques
Si l’on considère les ressources terrestres comme un capital commun, tout se passe comme si l’Europe avait emprunté massivement depuis un siècle et qu’elle demande aujourd’hui à l’ensemble des pays du monde de partager les remboursements. On comprend la stupéfaction des nations émergentes. Elles se demandent à juste titre pour quelles raisons elles paieraient une facture qui n’est largement pas la leur.
L’argument de l’Europe est fondé sur l’urgence: «Sauvons la planète!». Et elle ne peut pas le faire seule. D’où le piège qui se referme. Le monde entier doit payer pour l’Europe et les Etats-Unis.
Au moment où l’explosion des dettes souveraines démontre que cette même Europe a vécu au-dessus de ses moyens financiers depuis 50 ans, on constate qu’elle a pratiqué de même en matière de pollution de l’atmosphère de la planète. Elle se retrouve ainsi devant une dette climatique qui, elle, ne supporte ni faillite ni décision de ne pas payer. Pas de banques climatiques à accuser… 36 heures de prolongations
Les échéances étaient au cœur des négociations de la conférence de Durban. Résultat: seule l’Union Européenne et les pays fortement menacés par la montée des mers militent pour des contraintes légales sur la réduction des émissions de GES…
Dans ce contexte, il n’est guère étonnant que le bilan de la conférence de Durban soit décevant. Après des négociations épiques prévues pour durer douze jours et qui se sont prolongées pendant 36 heures, les 194 pays, soit la totalité des Etats de l’Onu, ont accouché d’un accord plus que minimaliste. Un échec total, après celui de Copenhague en 2009, aurait été, pour l’Europe surtout, un camouflet insupportable. Ce dimanche 11 décembre, les délégations qui n’étaient pas déjà reparties ont repris l’avion pour sillonner la planète afin de rentrer chez elles…
Source : http://www.slate.fr
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